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Visiter l’iconique Habitat 67

Habitat 67

Si il y a bien un symbole qui ne laisse personne indifférent dans le paysage Montréalais, c’est Habitat 67. On aime ou on déteste, mais c’est indéniablement un monument original et emblématique. Chaque année, de nombreux amoureux d’architecture et des étudiants internationaux viennent de loin voir de leurs yeux cette structure de béton. Il aura fallu 5 ans pour arriver à bout de la construction, dont la finalité n’est qu’un tiers du projet initial.

J’ai toujours été intriguée par Habitat 67. Je trouvais comme beaucoup l’ensemble austère et peu esthétique. Quand j’ai su qu’on pouvait visiter le complexe, je n’ai pas hésité une seconde à combler ma curiosité. Et en toute honnêteté, j’ai changé radicalement d’avis. Oui c’est toujours un bâtiment froid et particulier, mais je le vois désormais comme une vraie prouesse.

Qu’est-ce que Habitat 67?

Nous sommes quelques années avant l’Exposition Universelle de 1967 qui se tiendra à Montréal. Moshe Safdie, étudiant à McGill de 24 ans, dédie sa thèse de fin d’études aux logements urbains. Il sera choisi en 1965 parmi de nombreux architectes pour la mettre à exécution, lui qui n’a jamais encore construit un seul immeuble. Le projet architectural Habitat 67 voit le jour : Un idéal d’habitations permettant une occupation à haute densité tout en offrant tranquillité et intimité à ses résidants. Une ambition communautaire et sociale mettant en avant le vivre ensemble.

Ce sera August Komendant l’ingénieur de la structure et la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) qui apportera le financement (et en sera le premier propriétaire). Moshe Safdie connaitra la renommée grâce à Habitat 67, ce qui lui ouvrira les portes de nombreux projets : L’hôtel de ville d’Ottawa, le Musée de la Civilisation de Québec, la bibliothèque de Vancouver, le Terminal 1 de l’aéroport Pearson à Toronto. Mais aussi les impressionnants Marina Bay Sands et Rain Vortex de l’aéroport de Singapour.

Habitat 67 est agencé selon le plan suivant : 3 pyramides irrégulières de 12 étages reliées entre elles par des passerelles. 354 modules (bloc carré identique de 12,5m x 5,7m x 3,2m) pour 148 appartements. Une terrasse pour chaque module donnant sur la ville ou le fleuve et jusque 4 terrasses par logement. Un vrai labyrinthe!

On se sent si petit au beau milieu de l’esplanade, le calme est impressionnant. Je reste là, à observer chaque coin et recoin. On dirait que le béton est en mauvais état, mais non on m’assure de son entretien quasi-quotidien. 

À la construction, un bloc était entièrement préfabriqué et assemblé en amont. Il était immédiatement prêt à vivre une fois installé (salle de bain, cuisine, chauffage, etc). L’usine d’assemblage se trouvait à 300m à peine des immeubles, sur le terrain de tennis actuel. 

Peut-on vivre à Habitat 67?

Bien-sûr! Mais il faut avoir un beau budget… On est loin du but premier qui était de loger les familles de classe populaire qui ne pouvait pas s’offrir une maison avec un coin de jardin. 

Les logements étaient tout d’abord loués par le gouvernement fédéral. Puis en 1986, le complexe est acheté par un entrepreneur qui revend uns à uns les blocs. Les locataires du moment se regroupent en copropriété et obtiennent la priorité pour acheter leur bloc. Désormais 100% des occupants sont propriétaires.

À ce moment là, en 1986, le bloc se vendait 20 000$. Aujourd’hui, en 2020, il vaut entre 250 000$ et 400 000$! Sachant qu’un appartement est généralement composé de deux blocs et plus. Pour s’installer à Habitat 67, il faudrait un budget de plus de 700 000$ voir 1 000 000$. À cela s’ajoutent les frais mensuels de condo de plus de 1000$ par mois.

Voici quelques annonces pour te faire rêver. Pour moi, c’est indéniablement la plus belle vue de Montréal!

Quelques faits insolites sur Habitat 67

  • Un bloc pèse entre 70 et 90 tonnes.
  • Le plus grand appartement représente 3000 pieds soit 7 blocs.
  • La terrasse d’un bloc est le toit du bloc en dessous.
  • L’intimité est radicale, de son bloc on a aucune visibilité sur l’intérieur des appartements voisins. Et inversement.
  • Tout le système de ventilation, de chauffage et de plomberie de l’appartement se trouve dans les planchers du bloc.
  • Le projet initial devait compter vingt-deux étages, des boutiques et une école.
  • Les habitants ont leur propre service de navette, plusieurs fois par jours et plusieurs arrêts du logement au centre-ville.
  • La Cité du Havre, la péninsule sur laquelle est construit Habitat 67, a été créé artificiellement avec les débris issue du creusement du métro de Montréal.
  • 45 personnes travaillent dans le complexe à temps plein (sécurité, espace communs, entretiens, espaces verts, chauffeurs, …).
  • Un dépanneur se trouve dans le stationnement
  • Le complexe n’est pas adapté aux personnes à mobilité réduite, un habitant devra forcément à un moment ou un autre prendre des escaliers pour entrer chez lui.
  • Peu de familles vivent à Habitat 67 ce qui était pourtant l’essence du projet. Les propriétaires sont majoritairement retraités et de jeunes professionnels sans enfants.
  • Les vitres des vérandas et les abris de plexiglas sont lavés deux fois par an (inclut dans les frais de condos), mais les nombreux insectes qui se trouvent sur l’île les salissent rapidement. Tu verras par toi-même…
  • Il y a énormément de vent sur le complexe, étant au milieu du fleuve, c’est pour ça que beaucoup d’appartement ont des abris en plexiglas, les passerelles aussi.
  • Même en propriétaire de ton bloc, tu n’as pas la liberté d’en faire ce que tu veux (notamment sur ta terrasse) car le bâtiment est classé monument historique. Le seul moyen d’apporter une modification c’est d’avoir l’autorisation de Moshe Safdie lui-même!
  • En 2h de visite, je n’ai pas croisé un seul habitant. Pas une voiture, pas à pied, si sur une terrasse ou à sa fenêtre!

Si toi aussi tu souhaites visiter Habitat 67, il faut passer par ce site. Ils sont les seuls à avoir les autorisations pour faire des visites. Les tours se font de début Mai à fin Octobre, ils durent 90 minutes et coûtent 35$ par adulte (les enfants de moins de 12 ans, c’est gratuit!).

➜ Pour d’autres articles sur Montréal : C’est ICI!

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2 Comments

  • Reply Charlotte 15 octobre 2020 at 03:42

    Incroyable… Effectivement on aime ou on aime pas, mais wow merci pour l’article 🙂

    • Reply Marine 15 octobre 2020 at 16:44

      Avec plaisir!

      Moi j’adore maintenant alors que j’étais dure à convaincre 😅

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