Ou devrais-je dire franco-quĂ©bĂ©coise ? Depuis la fin novembre 2023, jâai obtenu la nationalitĂ© canadienne. 12 ans aprĂšs mon premier pas sur le territoire pour un stage, et 7 ans aprĂšs mon retour en PVT : la boucle est bouclĂ©e ! Devenir franco-canadienne m’a poussĂ© Ă faire un peu d’introspection car ce n’est pas rien de devenir par choix citoyenne d’un autre pays que celui dans lequel on est nĂ©.
Ode Ă la France
Pourtant la rĂ©alitĂ©, câest que je ne me sens pas plus canadienne maintenant que je le suis. Jâai encore rempli « France » y’a pas longtemps sur un formulaire que me demandait ma nationalitĂ©, et ça risque de continuer. Je resterai viscĂ©ralement française peu importe depuis combien de temps jâai quittĂ© le pays. La bouffe, la culture et le vin me manqueront toujours. La TV française et ses programmes aussi, les souvenirs de mon enfance et mon adolescence ont forgĂ© mon ADN pour toujours. Sans parler du systĂšme de santĂ©, mon angoisse perpĂ©tuelle Ă MontrĂ©al ! Je ne pourrai jamais gommer mon caractĂšre et mes dĂ©fauts qui traduisent indĂ©niablement oĂč je suis nĂ©e. Et par la mĂȘme occasion, je ne pourrai jamais me fondre comme canadienne Ă cause de ça. Mais ce n’est pas grave car je suis fiĂšre d’ĂȘtre française. L’un n’empĂȘche pas l’autre.
J’ai fait des Ă©tudes internationales car trĂšs tĂŽt, je voulais partir et explorer l’ailleurs. Le PVT en 2017 nâĂ©tait pas ma premiĂšre expatriation, et jâai fait plusieurs aller-retours pour donner une chance Ă la France. Finalement, je l’apprĂ©cie mille fois plus quand je nây suis pas. J’aime voir les Ă©toiles dans les yeux des Ă©trangers qui admirent notre pays. La nature et les paysages de l’Hexagone sont extraordinaires et diversifiĂ©s pour une si petite surface. Je vous dis ça car j’en suis consciente, mais je n’ai jamais pris le temps de visiter les rĂ©gions de la France comme j’ai visitĂ© les provinces du Canada. FaĂźtes-le, je vous promets c’est bien moins cher que de voyager ici ! J’ai peut-ĂȘtre grandi dans la mauvaise rĂ©gion, la banlieue qui n’a donnĂ© plus envie de fuir que de m’installer dans un autre dĂ©partement.
Bien prĂ©parer son projet d’immigration
On a tous des raisons diffĂ©rentes pour vouloir quitter son pays, pour moi câĂ©tait les opportunitĂ©s professionnelles et la sĂ©curitĂ©. Mais alors pourquoi le Canada ? La premiĂšre fois, c’Ă©tait pour sa proximitĂ© avec les Ătats-Unis, et la facilitĂ© d’y avoir un visa. Pour ce cĂŽtĂ© nord-amĂ©ricain oĂč on parle français. Puis j’ai vĂ©cu aux USA et finalement, j’ai compris que j’Ă©tais mieux ici. Je suis venue chercher les opportunitĂ©s que la France refusait de donner aux autodidactes, la facilitĂ© et rapiditĂ© d’Ă©voluer dans sa carriĂšre. Et je l’ai trouvĂ©, donc la mission est accomplie de ce cĂŽtĂ©.
Je l’ai expliquĂ© plusieurs fois dans mes bilans prĂ©cĂ©dents, mais je savais pertinemment que je voulais m’installer Ă MontrĂ©al sur le long terme. Je ne peux pas vraiment me mettre Ă la place de ceux qui viennent ici sans trop savoir oĂč ça va les mener. J’ai enchaĂźnĂ© les Ă©tapes administratives et je n’ai laissĂ© aucune chance au hasard, pour obtenir ma RP. Je ne peux que vous conseiller d’Ă©tudier les lois d’immigration (qui changent rapidement) et d’anticiper les dĂ©marches avant de partir. Surtout si vous souhaitez vous Ă©tablir au QuĂ©bec. Voire accepter de devoir changer de province, si votre dĂ©sir d’Ă©tablissement est plus rapide avec la mobilitĂ© francophone. C’est probablement un peu difficile Ă se projeter sans y ĂȘtre, mais ça vous aidera vraiment. J’ai arrĂȘtĂ© de compter les messages d’aide que j’ai reçu de personnes qui n’avaient plus aucune option que de rentrer en France quelques semaines (ou quelques jours) avant la fin de leur PVT.
Ă Canada
Je suis revenue mais surtout je suis restĂ©e car j’aime les hivers froids et sans fin (Ă part cette annĂ©e). Jâaime la culture franco-britannique et la dualitĂ© permanente français-anglais du QuĂ©bec. J’aime la sympathie des inconnus, c’est superficiel mais c’est quand mĂȘme plus agrĂ©able. Jâaime la diversitĂ© gĂ©ographique marquĂ©e dâune province Ă lâautre. J’aime la tranquillitĂ© d’esprit avec laquelle je sors Ă n’importe quelle heure du jour et de la nuit. J’aime la civilitĂ© avec laquelle on fait la queue pour monter dans un bus. J’aime les cabanes Ă sucre, toute l’annĂ©e. J’aime la simplicitĂ© et la gĂ©nĂ©rositĂ© des gens, leur non-jugement aussi. Les mentalitĂ©s est bien plus Ă©voluĂ©es. Et enfin, je trouve les habitudes d’Ă©co-responsabilitĂ© bien plus ancrĂ©es.
Sans vouloir culpabiliser personne, je n’ai pas attendu de devoir passer l’examen de citoyennetĂ© pour Ă©tudier l’Histoire de Canada. FidĂšle les musĂ©es et des parcs nationaux partout oĂč je vais. J’ai des grosses lacunes sur le sujet des PremiĂšres Nations mais je pense bien maĂźtriser d’autres sujets. Et ça m’a bien plus intĂ©ressĂ© que mes cours d’Ă©cole… J’ai essayĂ© de visiter le plus de provinces avant de partir en vacances en dehors du pays. Il faut dire que j’ai eu la chance d’avoir un emploi qui m’a fait voyager aux 4 coins du Canada et a sans aucun doute forgĂ© mon intĂ©rĂȘt. Forcez-vous Ă explorer le territoire, je vous jure que votre province ou votre ville ne reprĂ©sente en rien le reste du pays. Moi, la premiĂšre je n’exclue pas de partir m’installer en BC ou dans les Maritimes.
Ătre conscient de son statut et de la rĂ©alitĂ©
Je n’aurais jamais la prĂ©tention d’affirmer que le Canada est mieux que la France (ou inversement). J’ai aucunement les compĂ©tences pour comparer la politique ou l’Ă©conomie des deux pays. Le Canada est un pays unique et complexe dont chaque province a sa propre identitĂ© et ses lois. Qui suis-je pour prĂ©tendre les connaitre toutes et dĂ©clarer que la France est mieux, ce pays que j’ai quittĂ© depuis plusieurs annĂ©es ? Ce dont je suis certaine en revanche, c’est que le Canada nâest pas un eldorado !
ArrĂȘtons les documentaires rĂ©ducteurs (ou les contenus mĂ©dias sociaux Ă©dulcorĂ©s) qui attirent des Français mal prĂ©parĂ©s et font de nombreux déçus. Oui, c’est moi qui a eu un parcours sans trop d’embĂ»ches qui vous le dit, car c’est la vĂ©ritĂ©. La facilitĂ© dâimmigration qui nous est offerte, le fait quâon parle en partie français, ne devrait pas vous faire prendre pour acquis ce pays. Il faut faire preuve d’un gros effort dâadaptation, dâintĂ©gration et Ă©normĂ©ment d’ouverture d’esprit (et prendre souvent de recul). Et non s’intĂ©grer, ce n’est pas adopter les expressions quĂ©bĂ©coises dans votre vocabulaire. Autant que rester entre Français ne signifie pas que vous refusez de vous insĂ©rer non plus. Je pourrais longuement parler de la difficultĂ© de se faire rĂ©ellement amis avec des Canadiens, qui n’ont pas la mĂȘme dĂ©finition que nous. Ou de la nĂ©cessitĂ© de ne faire aucune vague et ne rien remettre en question dans votre job pour le garder. Bien-sĂ»r, il y a des exceptions Ă la rĂšgle, mais les rĂšgles sont bien lĂ . Nos codes sociaux sont trĂšs diffĂ©rents, les reconnaitre et les comprendre prend du temps, bien plus que deux annĂ©es de PVT. Et si vous ne les acceptez pas, vous ne serez jamais heureux ici.
Je dois aussi parfois penser Ă me le rappeler. Les Canadiens mâont plusieurs fois déçue, mais je sais admettre que ce que je ressens vient du fait que jâai une Ă©ducation française et des codes sociaux distincts. Ce n’est pas moi qui ait raison et ce n’est pas eux qui ont tort. Je me sens bien au Canada, alors je n’essaie pas de changer les Canadiens et j’accepte nos diffĂ©rences. Ă ce titre, je suis bien Ă l’aise d’avoir obtenu ma citoyennetĂ© canadienne. Et je me sens privilĂ©giĂ©e d’avoir accomplie ce chemin en si peu de temps. Oui, je continue Ă dire que « je rentre chez moi » quand je rentre en France. Jusqu’Ă quand ? Je ne sais pas. J’aime me considĂ©rer comme fiĂšre ambassadrice de la France Ă l’Ă©tranger, tout en prenant le temps d’apprendre et comprendre le pays oĂč j’ai choisi d’habiter.

3 Comments
Je suis en train d’Ă©crire un article sur l’obtention de la citoyennetĂ© canadienne car je viens moi aussi de l’obtenir ! J’ai donc eu envie de venir lire ton article que j’avais vu passĂ© sur les rĂ©seaux. Et quel plaisir de lire enfin un article dans lequel je me retrouve tout Ă fait. J’aime particuliĂšrement quand tu dis « ArrĂȘtons les documentaires rĂ©ducteurs ». On laisse beaucoup croire que le Canada est la perfection, mais aprĂšs 7 ans ici et avoir fiĂšrement obtenu la double nationalitĂ©, je reste aussi convaincue que le Canada a ses dĂ©fauts. Comme toi, je reste française avant tout, mĂȘme si, pour le moment, c’est au QuĂ©bec que je vis. Merci pour cet article plein de sincĂ©ritĂ© !
IntĂ©ressant, mais il serait pertinent de corriger les nombreuses fautes d’orthographe… J’ai eu mal en lisant ce post !
Salut Anne,
Jâai relu plusieurs fois mais je tâen prie si ça te fait si mal, tu peux les corriger, jâirais mettre Ă jour. Bonne journĂ©e Ă toi.