On a tous vu cette scène de film américain : une personne se fait virer en quelques minutes et doit quitter son bureau avec ses affaires dans une boîte. Une situation improbable (et clichée) pour les Français que nous sommes, bien protégés dans le monde professionnel. Même si je sais que le licenciement est quotidien en Amérique du Nord, je pensais qu’il fallait tout de même avoir fait une faute plus ou moins grave pour mériter cette sentence. Puis un midi de février 2020 et un soir d’été 2022, alors que je ne m’y attendais pas, je me suis fait licencier.
Cela fait 10 ans bientôt que je suis sur le marché de l’emploi, j’ai eu des boulots difficiles avec des relations hiérarchiques toxiques et compliquées. Mais en France, jamais je n’ai fait l’objet d’avertissement ou remontrance écrite. On m’a déjà mentionné mon ton direct et mon caractère impulsif. Je suis une passionnée, mais mon travail est toujours impeccable, c’est mon obsession. Il faut dire que la franchise et l’honnêteté sont plutôt monnaie courante dans notre pays.
Si tu te fais licencié(e) en PVT, en permis fermé ou ouvert et que tu as cumulé assez d’heures, tu as le droit au chômage. Moi ça n’a jamais été une option, je savais très bien que mon seul moyen d’avancer c’était de retravailler au plus vite. J’ai donc choisi de ne pas faire de pause ou d’en profiter, mais tu devrais trouver facilement des informations sur l’assurance-emploi ICI. Si tu estimes être victime d’un licenciement abusif, tu peux faire valoir tes droits auprès de la CNESST et entrer en procédure contre ton employeur. Cependant, je n’aborde pas les solutions post-licenciement dans cet article.
Disclamer
Depuis quelques jours, je reçois beaucoup de messages. D’un côté, il y a les Français qui se reconnaissent dans cet article. De l’autre, il y a les Québécois très remontés contre ce que j’exprime. Ils ne comprennent pas ce que je reproche ou ce dont je me plains. À la lecture, les licenciements ont été faits correctement. Tout en laissant entendre que c’était sûrement justifié ou que j’étais finalement le problème. Cela me renforce dans l’idée qu’il existe un fossé énorme entre nos deux pays face à cette situation. Alors, soyons clairs : cet article est destiné aux Français vivant et travaillant au Canada, ayant une connaissance et une expérience professionnelle française pour comparer.
Chers Canadiens/Québécois, mon but n’est pas de remettre en question la décision de ces deux entreprises. Ce n’est pas du tout une chasse aux sorcières pour convaincre du monde de ne surtout pas postuler chez eux. J’ai été témoin ailleurs de cette exacte même façon de faire à plusieurs reprises, ils ne sont pas totalement fautifs. Ce n’est pas non plus une plainte généralisée de ma vie professionnelle canadienne, bien au contraire. En six ans, je n’ai majoritairement que du bien à partager. Mais, ce n’est pas le but ici. Je dénonce, que ça vous plaise ou non, comment le pays/continent congédie une personne. N’ayant comme repère que ceci, je suis conscience que cela est votre normalité et je n’ai pas l’intention d’essayer de changer les choses. J’apporte ici une description des faits déroulés de mon point de vue et mon état d’esprit. Je vous invite à lire d’autres témoignages de Français qui ont aussi été congédiés et leur même stupéfaction, vous en trouverez en grand nombre.
Mise en situation
Si tu lis cet article aujourd’hui, sache que j’en ai écrit de nombreuses versions. Sa publication est, comme toujours pour moi, le signe que je suis enfin passée à autre chose. L’écrire a eu un réel effet thérapeutique. Il y a pile 3 ans, les jours qui ont suivi mon premier licenciement, j’ai transcrit toute ma colère et mon incompréhension dans un premier article. D’une traite en quelques minutes, j’avais rédigé des centaines de lignes, j’accablais de nombreuses personnes. Ce n’était certes pas du tout professionnel, mais ô combien libérateur ! Les mois ont passé et je me suis dit que ça n’avait plus aucun intérêt de raconter mon expérience, sauf me rappeler des souvenirs douloureux. Puis l’eau a coulé sous les ponts, je me suis apaisée. J’ai aussi vécu d’autres expériences professionnelles et j’ai pris du recul. Il y a 7 mois, j’ai subi un deuxième licenciement. Il m’a fait réaliser que peu importe si tu es bon dans ce que tu fais, tu n’es pas à l’abri. J’estime à présent qu’une entreprise qui ne reconnait pas tes compétences ne mérite pas que tu y perdes ton temps. Au Canada, un emploi permanent (qu’on pourrait comparer à un CDI) n’est en aucun cas une sécurité d’emploi. C’est un jeu d’enfant de virer une personne avec un argument passe-partout comme une restructuration, une raison économique (même pas précise) ou une baisse de chiffre d’affaires. Mieux vaut prendre ton chèque et partir, surtout si ta situation implique des complications de visa. Finalement, je trouve que c’est très pertinent de partager mon expérience aux Français expatriés qui pourraient aussi y être confrontés. Si ça peut t’aider à relativiser et faire passer l’amère pilule, alors j’aurai réussi ma mission.
Une différence culturelle et d’égo
Déjà avant toute chose, j’ai compris que le licenciement au Canada ce n’était pas du tout la même perception qu’en France. Sur l’Hexagone, pour se faire virer souvent il faut faire une erreur grave. Ici, se faire licencier n’a pas la même notion d’échec ou de honte à laquelle nous sommes habitués. Le fait qu’on puisse rapidement trouver du travail dédiabolise l’action, que ce soit si courant et totalement arbitraire aussi. En trois ans, avant d’être moi-même licenciée, je n’avais jamais assisté à la terminaison d’un(e) collègue. Après, j’ai été témoin d’autres licenciements toujours expédiés de la même manière, toujours très abruptes et soudains. Un contraste immense avec la sympathie (l’hypocrisie ?) des nord-américains qui me dérange encore. Je n’oublierai jamais le choc que j’ai ressenti et le néant dans lequel j’étais les jours qui ont suivi. C’était affreux. J’étais profondément blessée dans mon égo. Si bien qu’ensuite, j’avais une empathie démesurée pour mes collègues licenciés alors qu’eux, au contraire, le vivaient très bien. Ils n’avaient presque sans aucune émotion ou rancœur et pensaient déjà à leurs futures opportunités. Lors mon deuxième licenciement, que j’expliquerai plus bas, on m’a dit sans détour que ma personnalité n’était pas un fit dans l’équipe. Assez inconcevable pour moi, je croyais qu’on était au travail pour… travailler ! Puis en en parlant autour de moi, j’ai réalisé qu’une personne sur trois environ s’était déjà fait virer, et pas qu’une fois. Aujourd’hui, je ne cautionne toujours pas cette façon cruelle de faire, mais je ne m’y attarde plus.

Mon premier licenciement en 2020
Revenons plus en détail sur ma première expérience, celle qui m’a profondément marquée. Aux Alouettes, l’équipe venait de changer de propriétaire ce qui alimentait toutes les rumeurs possibles. Le département marketing contribuait fortement à rapporter de l’argent et n’en dépensait pas beaucoup. On était seulement cinq à faire le travail de dix personnes donc je ne voyais pas où on pouvait être coupés. Et personnellement aux médias sociaux, on avait de belles performances alors j’étais loin de me sentir menacée. On me parlait même d’une nouvelle promotion. Je pensais encore naïvement que ceux qui fournissaient du bon travail n’avaient aucun souci à se faire. Cette semaine-là, une bonne dizaine d’employés ont perdu leur job.
Le jour du licenciement
Je me souviens encore de la météo ce jour-là, de ce que j’ai mangé, de l’heure à laquelle je suis rentrée dans le bureau et de tous les détails. Je me souviens exactement des mots qui ont été prononcés et de la gêne palpable qui flottait dans l’air.
Nous sommes le 19 février 2020, il est 12h07. Je suis devant mon ordinateur en train de publier sur Facebook l’interview d’un joueur qu’on vient de réaliser avec ma collègue. J’étais toute la matinée au Stade Olympique et je viens à peine d’arriver à nos locaux de centre-ville. Je commence à luncher, mon boss s’arrête à mon bureau (en open space) et me dit « Quand tu auras fini de manger, viens me voir je dois te parler ». Quinze minutes plus tard, je pose la tasse fumante du café que je viens de me faire tout en regardant les premières réactions de la vidéo que j’ai postée. Mon boss repasse en me demandant si je suis dispo et m’invite à monter à l’étage avec lui. « On va aller dans le bureau de la RH, on sera tranquille ». Pas inquiète du tout, je laisse ma tasse, mon ordi ouvert et je le suis. Dans la pièce, des papiers sont disposés au milieu de la table, la comptable est présente. Je pense fièrement qu’on va me proposer une promotion et que c’est mon nouveau contrat, quelle ironie! Je suis à peine assise, que mon chef (un français) se libère directement de son fléau et me dit : « Si tu es là, c’est pour une raison difficile. Ça ne sert à rien de tourner autour du pot, je vais faire ça vite. On doit se séparer d’une personne au marketing et c’est toi. » Ascenseur émotionnel, gros déni, je pars en fou rire nerveux : « Arrête tes conneries, ce n’est pas drôle. » On avait une bonne relation, donc c’était pas étonnant qu’on se parle de même. Il me répond d’un ton neutre sans oser me regarder : « Ce n’est pas une blague non, je suis désolé. Tout est écrit ici ». Il me tend le dossier papier, je l’ouvre et commence à lire en silence. Un bon gros silence de mort dans la pièce. Je mets immédiatement à pleurer et j’essaie de comprendre en furie « Pourquoi moi? J’ai fait quoi? J’ai de super résultats, on a tout déchiré cette année. Y’a trois personnes dans l’équipe qui ont moins d’ancienneté! » En guise de réponse, j’ai le droit à un « Prends le temps qu’il te faut pour lire le document, tu n’es pas obligée de nous le signer de suite, mais c’est effectif dès maintenant. » Comme si le choc n’était pas assez fort, je réalise que je dois partir sur-le-champ sans même finir ma journée ni même dire au revoir à mes collègues. « Je vais t’accompagner rassembler tes affaires puis à la porte en bas ensuite. Tu ne dois pas parler aux autres. » Au même moment, je vois des notifications s’afficher sur l’écran de mon téléphone « Vous avez été retiré de la page Facebook / Le mot de passe Instagram a été changé / Mot de passe incorrect, merci de retaper votre mot de passe ». Je suis tout simplement en train de me faire dégager de toutes les plateformes dont j’ai la charge. Le travail acharné de trois années qui disparait sous mes yeux, le plus humiliant. La comptable me parle, mais je n’écoute rien, c’est le bordel dans ma tête. J’ai les larmes qui coulent et les yeux rivés sur l’écran dont les notifications se multiplient. Je comprends vite que je n’ai aucun moyen de défense ou de marge de négociation et que tout s’arrête ici, maintenant. Je refuse de signer mes papiers et je demande de sortir d’ici, on ne croise personne sur le chemin jusqu’à mon bureau. Comme si les lieux avaient été vidés jusqu’à ce que je parte du building. J’arrive à mon bureau dans un silence de mort. Personne ne lève sa tête, seule ma collègue dont je suis la plus proche vient à ma rencontre. Je lui annonce tant bien que mal que je viens de me faire virer, elle me répond qu’elle est au courant. Elle m’aide à vider mes affaires et décrocher mes nombreuses photos sur mon mur, je suis incapable de le faire. Mon ordinateur n’est plus là, aucun de mes dossiers, je n’ai même pas eu le temps de récupérer mes documents personnels ou me déconnecter. Ma tasse de café, elle, est toujours là, elle fume encore. Mon (ancien) boss nous presse embarrassé, le chef de la direction observe la scène au loin en regardant sa montre. Je n’ai pas eu le droit à une boîte ou un carton, mais un sac d’épicerie IGA, on a fait avec les moyens du bord. En trois ou quatre minutes, c’est plié, trois ans du travail qui m’a le plus passionné dans ma vie dans un sac d’épicerie. Mon bureau est vide comme si je n’avais pas existé. Je croise quelques regards de pitié, d’autres totalement médusés, en marchant vers l’ascenseur. Voilà c’est terminé, il y a moins de 20 minutes j’étais en train de rire en me faisant couler un café. Là, j’ai cette même tasse de café dans la main, un sac lourd sur l’épaule et les portes se referment sur moi. Je suis toute seule comme une conne dans le hall blanc éclatant du bâtiment. Je lis une dernière fois le « Alouette de Montréal » écrit sur la boîte aux lettres et incapable de me consoler.
Les jours d’après
Je pleure non-stop comme jamais de ma vie, pendant des jours entiers à errer en pyjama dans mon appartement. Je me sens trahie par des gens que j’appréciais énormément et en qui j’avais confiance. C’est l’incompréhension totale, je me repasse en boucle la scène dans la tête. Je prépare des dizaines de discours pour me défendre dans l’espoir de récupérer mon job. Mon poste de superviseure des médias numériques est indispensable, et je ne comprends pas qui est supprimé… Tu parles, j’apprends dès le lendemain qu’une autre personne de l’équipe le récupère. Le soi-disant licenciement économique se transforme plutôt en histoire personnelle. Je suis persuadée qu’on s’est débarrassé de moi, que tout a été réfléchi depuis des semaines pour offrir mon job à quelqu’un d’autre. Il faut que je retourne au bureau pour rendre mes papiers signés, rien que d’y penser j’ai mal au ventre. Je ne dors pas de la nuit à m’angoisser à propos de mon visa, car je suis en permis de travail fermé A75 avec eux. Il manquerait plus qu’en plus de tout ça, je sois obligée de rentrer en France !
Je suis au plus bas et je compare souvent cet état à une rupture amoureuse. Je suis bien plus triste et affectée que certaines de mes ruptures, car j’étais sincèrement amoureuse de mon job. Alors oui, je ne m’en cache pas, je n’étais pas l’employée la plus facile. J’ai une façon très française de défendre mes idées qui a détonné la première année auprès de mes collègues québécois. J’apprendrais plus tard que j’avais deux plaintes sur le dos. J’avais froissé avec mon ton, des personnes avaient pris personnellement des remarques que j’ai pu faire. J’étais beaucoup trop impliquée. Mais toujours pour l’équipe et les joueurs, jamais pour mon égo ou obtenir quelque chose en retour. J’étais dévouée sans jamais compter mes heures (ni me demander si c’était même légal).
Alors forcément, comme je l’ai dit plus haut, je remets tout en question (moi, ma vie, mais surtout moi). Je perds toute confiance en mes capacités, ça me donne de nombreuses migraines. J’ai envie de voir ni parler à personne. Je suis étonnée et dégoutée de constater que peu de collègues prennent de mes nouvelles. Je pensais naïvement qu’on était tous proches. Une autre réalité culturelle, la capacité de rayer si rapidement et si facilement une personne de ta vie. Quand tu ne partages plus son quotidien, tu n’existes plus… Après deux semaines d’état végétatif, le COVID et ses menaces de confinement s’invitent à la fête. Il faut que je me fasse violence, car je dois rapidement trouver un nouveau travail pour pouvoir rester au Canada. Heureusement pour moi, le numérique est un secteur très dynamique. Après une dizaine d’entretiens en quelques jours, j’ai plusieurs offres. On ne va pas se mentir, je suis loin d’avoir livré ma meilleure performance, la motivation n’est pas là. Mais c’est assurément grâce à ce nouvel emploi que j’ai sorti la tête de l’eau.

Mon second licenciement en 2022
Pour cette fois-ci, je me suis fait rompre mon contrat durant la période d’essai. Ma superviseure n’avait donc pas besoin légalement de se justifier.
À l’issue d’un processus de recrutement en plusieurs étapes par le biais d’un chasseur de têtes, je décroche le job en juin 2022. C’est une création de poste, les challenges sont nombreux, il y a tout à faire et je suis très excitée. Les premières semaines se passent bien, l’apprentissage est intense, car ma cheffe part en congé maternité dans les prochaines semaines. Je fais tout mon possible pour absorber le plus d’infos et tirer le maximum de ses apprentissages avant son départ. On fait un bilan au bout d’un mois, elle est super satisfaite et se sent sereine de partir en congé en ayant trouvé la bonne personne pour le job. Ses mots et ceux qu’elle a partagés à la boîte de placement et moi-même, pas les miens… Je partage quand même son avis et je suis enchantée de mon premier mois, même si je remarque quelques dysfonctionnements qui impactent directement mon travail. L’équipe marketing (entièrement québécoise sauf une personne) est assez junior, mais ça me fait plaisir de leur partager mes connaissances et les accompagner. Ça change de mes responsabilités et emplois précédents. Je sens cependant rapidement le vent tourné avec la personne en charge de remplacer ma cheffe. Elle ne fait manifestement pas confiance et me dit même « Je trouve que tu es trop à l’aise et confiante pour quelqu’un qui vient d’arriver ». J’avais négocié à mon embauche de partir plusieurs semaines en télétravail en France, puis ça ne lui plait explicitement pas non plus. Après plusieurs réflexions laissant sous-entendre qu’elle surveille mes heures de connexion à distance, elle me convoque pour discuter. Concrètement elle remet en cause ma motivation et ma personnalité. Elle me propose une formation sur le positivisme, car mon « savoir-être laisse à désirer ». J’encaisse le choc d’entendre autant de critiques alors que quinze jours plus tôt, je ne recevais que des compliments. Je n’ai rien à me reprocher, ni sur mon professionnalisme ou le travail fourni jusqu’à présent alors je refuse cette formation. Deux jours plus tard, je suis virée lors d’une rencontre zoom de cinq minutes en présence de trois RH.
Mon expérience que je pensais prometteuse n’aura duré qu’un mois et demi. Je n’étais pas touchée plus que ça, car pour le coup j’avais pleinement conscience de mes capacités. Je me suis juste demandée si l’équipe n’avait pas été fausse avec moi, car j’avais la sensation de bien m’entendre avec tout le monde. Ce qui m’a le plus remontée, c’est les commentaires sur ma personne et de me faire sentir comme si j’étais mauvaise ou incorrecte. Je ne me vexe pas facilement et pourtant j’ai trouvé ça difficile à avaler. Lorsque je suis rentrée de France, je suis allée rendre mon ordinateur et récupérer mes quelques affaires personnelles. L’assistante de direction m’a donné RDV dans un hall d’hôtel, j’avais interdiction de monter au bureau. On s’est échangé nos deux sacs comme si on faisait un trafic illégal. J’avais l’impression d’être une criminelle qui avait fait quelque chose de grave…
Les conséquences
À 100% je dirais la relation que je développe avec mes collègues en a pris un coup. Je n’ai plus à cœur de m’intégrer et de créer une famille. Ça m’a trop fait mal quand tout s’est arrêté. Je garde mes distances, car visiblement je me suis plusieurs fois trompée sur les gens.
Mon implication quotidienne dans mon travail en a aussi pris un coup. Le fait de voir que deux fois de suite, même si tu te donnes à fond tu es remerciée, ça ne me donne plus envie de me surpasser. Je fournis ce qu’il faut impeccablement, mais pas plus. Quand des choses viennent me chercher, j’essaie aussi de me répéter que ce n’est pas mon entreprise et qu’on est tous remplaçables.
Finalement, je pense que je me transforme petit à petit en américaine. Je dresse une ligne très distincte entre ma vie et professionnelle et ma vie personnelle. Alors qu’en France, mes plus belles relations viennent en majorité de mes différents emplois.
Si tu t’es fait licencier, je t’invite à partager ton expérience en commentaire si le cœur t’en dit. Ça peut t’aider à en parler ou juste faire du bien à quelqu’un qui lira cet article pour chercher du réconfort.
➜ Pour en savoir plus sur tes droits après un licenciement, tu peux lire le site du gouvernement.
➜ Je t’invite à lire le blog d’Astrid qui a aussi vécu la même chose à Toronto.
16 Comments
Merci de partager ton expérience ! C’est vraiment quelque chose qu’on anticipe pas en déménageant ici. Je me rappelle la panique quand j’ai perdu mon premier emploi. Comment je vais payer mon loyer ? C’était ma première question 😅
C’est sûr qu’en parler ça nous fait du bien mais ça aide aussi les gens qui vont te lire ♥️
Je me souviens aussi ma deuxième pensée après mais pourquoi moi? C’était mais comment je vais faire si je trouve pas de job. J’avais l’angoisse du visa et la peur d’être expulsée dans les prochains jours…
Clairement pas une anticipation que j’avais envisagé possible dans mon expatriation. Mettons les autres en garde de ces possibilités réelles. 😘
Si on parle d’emplois syndiqués, la réalité est tout autre. La sécurité de l’emploi existe, même en tant qu’employé temporaire. Et encore plus dans le public versus le privé. Mais je comprends qu’on puisse se faire virer du jour au lendemain dans un emploi non syndiqué. Mais en contre partie, on en retrouve un aussi rapidement. Bien différent de la France en effet.
Alors ça c’est aussi une autre réalité que je ne maîtrise pas du tout les emplois publics, ni même les emplois syndiqués qui vont souvent de pair. Je ne m’avancerai pas sur ce chemin.
J’en ai eu aussi des licenciements… la première agence dans laquelle je suis resté presque un an, a mis fin à mon contrat un lundi matin alors qu’on venait tout juste de commencer le télétravail à cause du COVID qui commençait à s’installer. Je l’ai un peu vu venir car je voyais mes taches réduites de moitiés en terme d’heure pour la semaine que j’allais commencée. Mais je n’ai pas trouvé ça juste car, je n’étais pas du tout là dernière arrivé dans l’agence.
À la suite de ça, j’ai eu à nouveau 2 licenciements « économique » et pareil viré dans la journée même, plus d’accès à quoique ce soit et impossible de dire au revoir aux collègues.
La 4e fois à été très particulière. J’avais signé un contrat avec une agence que je nommerais pas et avec qui je devais lance mon permis A75. Le jour où ils doivent faire la partie employeur pour mon permis (a deux jours de la fin de mon PVT, c’était extrêmement short niveau temps et stressant), on m’envoie un nouveau contrat à signé le terme employée n’est plus mais à la place c’est travailleur autonome. Sur le moment je ne comprend absolument car a aucun moment on avait parlé de ça. A deux jours de la fin de mon PVT, j’ai eu peur de dire non car trop peur de me faire dire ben « Ciao Bye ». Ma demande de permis est lancée quand même.
A peine 3 mois plus tard, le responsable d’équipe avec qui je travaillais, se rend compte d’une erreur de budget sur l’un des comptes client. Il me demande des explications, je lui dit que je peux regarder ce qu’il se passe mais je n’ai jamais travailler sur ce client.
Pour essayer de faire court, je me suis faite viré pour faute grave. Une faute que j’ai pas commis n’ayant jamais travailler sur le compte client en question. Malheureusement, j’étais la seule française de l’agence, la dernière arrivée… sauf que cette fois je ne me suis pas laissé faire. J’ai appelé le CNEEST, pour leur parlé de la situation du licenciement et de mon / mes contrats. Et dès suite de ça, j’ai poursuivi l’agence pour non respect du contrat de base, contrat caché et licenciement clairement abusif et non justifié. Dès le moment où j’ai pas senti l’affaire avec le contrat, j’ai tout pris en photo à chaque conversation et sauvegardé tous les mails…
Donc oui les licenciements ne sont vraiment pas faciles mais j’ai eu de la chance de retrouver vite à chaque fois et maintenant je suis très épanouis dans mon agence actuelle avec qui je travaille depuis presque 2 ans 🙂
Merci tellement Karine de partager ton expérience.
Je compte 4 licenciements pour toi c’est impressionnant (même si le Covid est passé par là). Comment as-tu abordé les choses au fur et à mesure? Avec plus de détachement je suppose, je veux pas dire qu’on est rendu habitué mais on a forcément une autre vision.
Tu fais bien de mentionner le CNEEST, c’est vrai que je ne suis pas entrée dans les détails mais pour un licenciement abusif avec des lourdes preuves à l’appui pour soutenir ton dossier, c’est assurément un recours à ne pas négliger. Tu as bien fait d’en entamer les démarches. Cette entreprise n’était clairement pas réglo !
Notre domaine nous offre une sérénité moindre de se dire qu’on retrouvera facilement quelque chose, sans que ça puisse en faire une excuse. Je suis très contente de lire que tu as trouvé ton bonheur désormais. 🙂
Je compatis. Je suis né au Québec, je connais très bien le peuple québécois. L’une de leur grande caractéristiques est d’être hypocrite et sensibles. Il ne savent pas faire la différence entre le personnel et le travail. Ils vint encaisser quand tu leur dis qqch qui ne leur plaît pas, quand tu es trop direct, ils détestent ça. Ils préfèrent tourner autour du pot pendant très longtemps pour te dire qqch, ou vont faire du commérage entre collègues ou tramer qqch pour te nuire. Ils sont très bon pour les choses prémédités. Ils sont un peu comme les anglais, je dirais même assez calqué sur la mentalité anglaise. C’est tout à fait compréhensible quand vous savez que c’est un peuple qui s’est fait ultra assimilé et coloniser par ces derniers. Aussi, pas tout le monde bien entendu, mais quand même une grande majorité, n’auront jamais l’intelligence de te soutenir ou t’aider. Ici, c’est démerde toi toi même. Les amitiés sont fausses en général, elles sont basés que sur des apparences, des façons de penser, ta façon de t’exprimer, si tu les fait rire pis t’es cool, c’est deja avoir un pied dedans le mécanisme d’acceptation d’un groupe déterminé. Une autre chose dont je m’étonne beaucoup, c’est qu’en plus d’être à la recherche de manières et psyché petite bourgeoises, ils se croient hyper cultivés et instruits ou brillants, mais ils sont en général bon dans ce qu’ils ont choisi de faire comme métier. Si tu les sors de ces champs de compétences, c’est un être totalement dépourvu de culture politique, culturelle, mis à part la leur, depourvu de culture sociale, historique, géographique, un vrai désastre. Le jour que j’ai compris, qu’à moi tout seul je valais la culture et linstruction de 20 québécois réunis, j’ai cessé d’être complexé, d’être blessé, et je me suis totalement affirmé etant conscient de mes capacités cognitives qui était a des années lumières d’une grande majorité. Des fois j’écoute la radio, la télé, des documentaires, des articles, revues alternatives du Québec et je vois des abominations et manque d’analyse et de franchise profonde de leur propre culture. C’est.un peuple qui aime aussi se remplir la bouche comme quoi ils défendent la liberté d’expression, mais quand tu leur dis un truc qui les confronte ou est trop radical comme point de vue
ils te disent : wo wo wow! Tu vas trop loin là. Falardeau, un cineaste québécois militant disaient d’eux, « on va toujours trop loin pour ceux qui ne vont nul part! » Et effectivement le jour que j’ai entendu cette phrase. Je me suis aperçu que le Québec critique tous les extrêmes, mais ils ne se regarde jamais le nombril pour se rendre compte qu’il est un extremiste du centre. Ils adorent se mentir et regarder ailleurs. Ils aiment être bien avec tout le monde et ne déplaire a personne quitte à modifier leur propre personnalité pour être accepté. Ils se disent ouvert, mais quand tu ouvres la radio ou la télé, tu vois toujours les mêmes satanés acteurs, chanteurs, animateurs. Québec est un endroit multicuturel, mais tu ne vois jamais un immigrant dans leur emissions. Parfois ils te mettent un noir ou un vietnamien pour éviter de se faire critiquer, mais ils sont profondément bornés et tout est mesuré tourne autour de la question identitaire. Ne t’étonne surtout pas de leur attitude et ne le prend pas mal, ils sont ainsi et il faut les accepter ainsi sinon on est malheureux.
Très intéressant ton point de vue Esteban surtout venant d’un québécois. Je suis d’accord avec certains de tes points. Merci d’avoir pris le temps de les partager!
Merci de partager cet article et ta douloureuse expérience. C’est important de parler aussi des points négatifs de ce pays. Moi aussi après 30 ans d’expérience en France j’ai accepté un stage non rémunéré de 4 semaines pour décrocher un emploi et j’ai été remercié 2 semaines après mon contrat. Même si les raisons étaient économiques le choc n’en n’est pas moins important. Heureusement le marché du travail est dynamique et j’ai retrouvé un emploi bien mieux.
Je dirais qu’il est primordial de savoir sue la culture est vraiment différente. Et c’est dans les épreuves que cela nous saute aux yeux. Les collègues te paraissent proches, bienveillants mais les non-dits sont omniprésents. Les québécois détestent les paroles fortes, les débats et plus que tout fuient l’affront. Ce qui les transforment parfois en hypocrites à nos yeux de français. C’est vraiment culturel et ils ne s’en rendent pas toujours compte. L’essentiel est de trouver un employeur qui t’apprécie pour pouvoir t’épanouir. Et ne pas hésiter à changer si tel n’est pas le cas : il y a tellement de job à pourvoir ici.
Bonne continuation
Salut Christel,
Je crois qu’avant ce jour là je n’avais aucun point négatif, honnêtement j’avais une expatriation idyllique. Depuis ce jour, j’ai ouvert les yeux on dirait puis j’ai du mal à rester positive et optimiste sur pleins de choses… Un peu comme tu le partages. Maintenant je prends le temps d’expliquer à tous mes collaborateurs comment je suis, mon caractère et que ce n’est jamais à prendre personnellement mais c’est lourd. Je trouve pas qu’on avance quand on tourne autour du pot et qu’on ne s’adresse pas concrètement les choses. Ça me fera toujours capoter haha !
PS : je ne connaissais pas ton blog je suis allée lire quelques articles, super intéressants et bien expliqués. Je suis jalouse pour la santé (autre point noir anxiogène pour moi) toujours en attente d’un médecin depuis 2018, je n’ai que des mauvaises expériences. J’ai toujours été résignée à payer le privé, bonjoursante ne m’a jamais trouvé de RDV même en payant. Bref toute une autre histoire.
Je suis Québecoise et ton point de vue est intéressant. Le constat est que le monde du travail est bien différent ici par rapport à tes standards français.
De par mes expériences, je constate que derrière chaque licenciement, il y a des raisons de rentabilité ou pour enlever un élément négatif pour maintenir une cohésion d’équipe. Ce que je comprends c’est plusieurs fois ton comportement a été pointé du doigt (plaintes ou encore formation proposée). Donc c’est bien de dire que tu es passionnée, très travailleuse, à l’aise dans ton travail mais il semble que ton attitude ne t’a aidé à garder tes postes très longtemps dans le monde du travail Québecois. Sans être détaché de ton travail ou encore sans mettre moins d’énergie, est-ce que tu as changé ton attitude ? ou as-tu finalement accepter de suivre une formation ?
Et autre question comme ça; tu n’as pas peur de faire peur à tes futurs patrons en exposant que tu t’es fait virer à cause de ton comportement sur ton blog, et ça deux fois en moins de 2 ans ?
Bonjour Christelle,
Je pense que tu vas un peu vite en conclusion et que tu te fais vite une idée sans avoir tous les paramètres. Mais j’écoute ton point de vue.
J’expose ici deux situations qui se sont mal terminées, mais la première à tout de même durée trois ans avec de très bons moments sur la quasi totalité. Donc si tu trouves que je n’ai pas gardé « mes postes très longtemps » je ne suis pas d’accord. J’ai également fait un an en agence que j’ai quitté de mon plein gré pour une autre opportunité et dont la directrice est revenue me débaucher ensuite. J’ai aussi fait une année de remplacement congé maternité qui s’est bien déroulé avec proposition d’emploi permanent à la clef. Ça prouve tout de même que le marché québécois n’est pas si enclin à mon profil. On pourrait prendre leur avis pour nuancer le tout mais c’est pas le sujet ici. La deuxième expérience je la partage en toute transparence. Je ne pense pas que c’est très légitime d’imposer une formation au bout d’un mois de prise de poste sans donner une chance à son candidat de le connaitre. Ce n’est pas ma vision. Et ceci en prenant compte du changement radical des deux discours en si peu de temps. J’aurais envisagé une formation dans un emploi bien plus établi avec une approche plus justifiée, je crois que ce n’était pas un bon fit ça arrive mais c’était à mes yeux maladroit.
Je fais le choix de ne pas changer mon attitude qui est part entière de ma personnalité. Il ne faut pas diaboliser certes j’émets un contexte et j’apporte des nuances qui peuvent donner raison à l’employeur mais je ne suis pas un élément perturbateur au quotidien. Je t’invite à relire : j’ai pris connaissance de plaintes après mon départ quand les langues se sont déliées. Et mon comportement a été pointé du doigt dans des discussions entre collègues et non adressé par un superviseur de façon officielle par écrit par exemple. Attention, encore une fois je remets le contexte, on ne parle pas ici d’une situation hebdomadaire ou quotidienne. Ça a peut-être été abordé deux fois sur trois ans dans un univers ultra stressant du sport professionnel. Pour répondre à ta dernière question (et je ne sais pas vraiment comment je dois la prendre) non je n’ai pas peur. Si un futur patron est dérangé par cet article en tombant dessus avant même de vouloir m’embaucher, alors je ne pense pas qu’on doive travailler ensemble. Ce blog que j’ai crée et auquel je suis dédiée est également la preuve de mon assiduité et mon désir d’aider les autres au travers de tous les autres sujets abordés. Tu conclues directement que mon comportement est la raison de mes deux licenciements, je laisserai la porte ouverte à d’autres possibilités.
Si mon article t’a blessée entant que Québécoise, je m’excuse. La réalité du ressenti français est bien présent et partagé en grand nombre. Peu importe les raisons de virer une personne, les façons de le faire (qui sont l’essence même de la création de cet article) sont humiliantes.
Merci de t’être mise « à nue » pour nous partager ces expériences difficiles. Je trouve ça très humble et très honnête de ta part.
Je n’ai jamais été licenciée ici, mais j’en ai été témoin plusieurs fois, dans des conditions aberrantes: genre grosse annonce dans la cafétéria de la boîte indiquant que 30 personnes sont licenciées et que les futurs ex-employés concernés viennent de recevoir un courriel dans leur boîte mail… « maintenant vous pouvez redescendre à vos postes. »(l’angoisse!) Ou encore, une dizaine de personnes appelées tour à tour pour se rendre dans une salle, et tu ne les vois jamais revenir à leur poste… Ça a été super traumatisant de vivre ces moments en tant que collègue (et bonjour la cohésion d’équipe ou l’adhésion à l’entreprise!) Alors, je n’imagine même pas quand tu es l’une des personnes concernées par le licenciement. ce doit être un véritable deuil!
Salut Anne-Laure,
Merci de compatir alors que tu n’as pas vécu la chose, mais tu t’en rends bien compte de l’extérieur. Tes exemples sont quand même très durs. J’ai entendu des histoires où les employés d’un département sont envoyés dans une pièce le temps que leur collègue se fasse virer et récupère ses affaires. Pour éviter tout contact, genre on est qui des espions avec des secrets d’État ou quoi? Alors que ça pourrait être très sain et mature. Si tu crains les débordements, c’est que tu es conscient de faire quelque chose de pas correct. Tu as totalement raison pour la cohésion d’équipe c’est un très bon point. Comment veux tu respecter une boite qui agit de la sorte sur ton collègue sans te demander si tu seras pas la prochaine personne?
J’ai vu aussi une personne se faire licencier dans un ancien job.
J’avais été choquée et je trouve quand même cela dur psychologiquement pour la personne qui se fait licencier.
Il y a des entreprises (c’est mon cas en ce moment), où le syndicat a des règles pour éviter ce genre de situation.
Pendant la COVID j’ai été mis à pied parce qu’on ne pouvait plus travailler, on a eu un bon suivi de la part de l’entreprise.
Et ils ne peuvent pas nous virer sans un vrai motif.
J’espère qu’un jour les lois changeront sur ca, car ca peut tellement impacter la vie de la personne qui se fait virer.
Merci à toi pour le partage de ton expérience!
Je pense que la souplesse des licenciements permet aux entreprises d’embaucher aussi plus facilement, comme elles n’ont pas peur d’être coincées avec un employé qui fit pas, elles vont donner plus leur chance aux débutants ou ceux qui ont moins d’expérience. Il est aussi plus facile de changer de domaine de travail au Canada alors que ce n’est pas le cas en France. En France les entreprises rechignent à prendre tout risque et trouver un boulot est bien plus ardu, il est tellement difficile de licencier que les entreprises ne veulent plus embaucher même quand elles en ont besoin. Ceci pourrait expliquer la fluidité du marché de l’emploi au Canada qui comporte des avantages qu’il ne faut pas ignorer. Les employés peuvent aussi quitter leur poste très facilement et rapidement donc c’est dans les deux sens. Je comprends que c’est plus la manière de le faire qui peut être assez traumatisant pour la personne qui le vit, donner quelques explications sur la raison du renvoi pourrait aider la personne à mieux comprendre et passer à travers l’expérience sans se focaliser des semaines ou des mois là-dessus, un peu de la même façon que pour une rupture. Il y a des avantages et des inconvénients dans les deux systèmes