Expat Humeurs

Je me suis fait licencier du jour au lendemain au Canada. ❌

On a tous vu cette scène de film américain : une personne se fait virer en quelques minutes et doit quitter son bureau avec ses affaires dans une boîte. Une situation improbable (et clichée) pour les Français que nous sommes, bien protégés dans le monde professionnel. Même si je sais que le licenciement est quotidien en Amérique du Nord, je pensais qu’il fallait tout de même avoir fait une faute plus ou moins grave pour mériter cette sentence. Puis un midi de février 2020 et un soir d’été 2022, alors que je ne m’y attendais pas, je me suis fait licencier.

Cela fait 10 ans bientôt que je suis sur le marché de l’emploi, j’ai eu des boulots difficiles avec des relations hiérarchiques toxiques et compliquées. Mais en France, jamais je n’ai fait l’objet d’avertissement ou remontrance écrite. On m’a déjà mentionné mon ton direct et mon caractère impulsif. Je suis une passionnée, mais mon travail est toujours impeccable, c’est mon obsession. Il faut dire que la franchise et l’honnêteté sont plutôt monnaie courante dans notre pays.

Si tu te fais licencié(e) en PVT, en permis fermé ou ouvert et que tu as cumulé assez d’heures, tu as le droit au chômage. Moi ça n’a jamais été une option, je savais très bien que mon seul moyen d’avancer c’était de retravailler au plus vite. J’ai donc choisi de ne pas faire de pause ou d’en profiter, mais tu devrais trouver facilement des informations sur l’assurance-emploi ICI. Si tu estimes être victime d’un licenciement abusif, tu peux faire valoir tes droits auprès de la CNESST et entrer en procédure contre ton employeur. Cependant, je n’aborde pas les solutions post-licenciement dans cet article.

Disclamer

Depuis quelques jours, je reçois beaucoup de messages. D’un côté, il y a les Français qui se reconnaissent dans cet article. De l’autre, il y a les Québécois très remontés contre ce que j’exprime. Ils ne comprennent pas ce que je reproche ou ce dont je me plains. À la lecture, les licenciements ont été faits correctement. Tout en laissant entendre que c’était sûrement justifié ou que j’étais finalement le problème. Cela me renforce dans l’idée qu’il existe un fossé énorme entre nos deux pays face à cette situation. Alors, soyons clairs : cet article est destiné aux Français vivant et travaillant au Canada, ayant une connaissance et une expérience professionnelle française pour comparer.

Chers Canadiens/Québécois, mon but n’est pas de remettre en question la décision de ces deux entreprises. Ce n’est pas du tout une chasse aux sorcières pour convaincre du monde de ne surtout pas postuler chez eux. Ce n’est pas non plus une plainte généralisée de ma vie professionnelle canadienne, bien au contraire. En six ans, je n’ai majoritairement que du bien à partager. Mais, ce n’est pas le but ici. Je dénonce, que ça vous plaise ou non, comment le pays/continent congédie une personne. N’ayant comme repère que ceci, je suis conscience que cela est votre normalité et je n’ai pas l’intention d’essayer de changer les choses. J’apporte ici une description des faits déroulés de mon point de vue et mon état d’esprit. Je vous invite à lire en commentaire d’autres témoignages de Français qui ont aussi été congédiés et leur même stupéfaction, vous en trouverez en grand nombre.

Mise en situation

Si tu lis cet article aujourd’hui, sache que j’en ai écrit de nombreuses versions en brouillon. Sa publication est, comme toujours pour moi, le signe que je suis enfin passée à autre chose. L’écrire a eu un réel effet thérapeutique. Il y a pile 3 ans, les jours qui ont suivi mon premier licenciement, j’ai transcrit toute ma colère et mon incompréhension dans un premier article qui n’a jamais été publié. Les mois ont passé et je me suis dit que ça n’avait plus aucun intérêt de raconter mon expérience, sauf me rappeler des souvenirs douloureux. Puis l’eau a coulé sous les ponts, j’ai aussi vécu d’autres expériences professionnelles et j’ai pris du recul. Il y a 7 mois, j’ai subi un deuxième licenciement. Il m’a fait réaliser que peu importe si tu es bon dans ce que tu fais, tu n’es pas à l’abri. Au Canada, un emploi permanent (qu’on pourrait comparer à un CDI) n’est en aucun cas une sécurité d’emploi. C’est un jeu d’enfant de virer une personne avec un argument passe-partout comme une restructuration, une raison économique (même pas précise) ou une baisse de chiffre d’affaires. Mieux vaut prendre ton chèque et partir, surtout si ta situation implique des complications de visa. Finalement, je trouve que c’est très pertinent de partager mon expérience aux Français expatriés qui pourraient aussi y être confrontés. Si ça peut t’aider à relativiser et faire passer l’amère pilule, alors j’aurai réussi ma mission.

Une différence culturelle et d’égo

Déjà avant toute chose, j’ai compris que le licenciement au Canada ce n’était pas du tout la même perception qu’en France. Sur l’Hexagone, pour se faire virer souvent il faut faire une erreur grave. Ici, se faire licencier n’a pas la même notion d’échec ou de honte à laquelle nous sommes habitués. Le fait qu’on puisse rapidement trouver du travail dédiabolise l’action, que ce soit si courant et totalement arbitraire aussi. En trois ans, avant d’être moi-même licenciée, je n’avais jamais assisté à la terminaison d’un(e) collègue. Après, j’ai été témoin d’autres licenciements toujours expédiés de la même manière, toujours très abruptes et soudains. Un contraste immense avec la sympathie (l’hypocrisie ?) des nord-américains qui me dérange encore. Je n’oublierai jamais le choc que j’ai ressenti et le néant dans lequel j’étais les jours qui ont suivi. C’était affreux. J’étais profondément blessée dans mon égo. Si bien qu’ensuite, j’avais une empathie démesurée pour mes collègues licenciés alors qu’eux, au contraire, le vivaient très bien. Ils n’avaient presque sans aucune émotion ou rancœur et pensaient déjà à leurs futures opportunités. Lors mon deuxième licenciement, que j’expliquerai plus bas, on m’a dit sans détour que ma personnalité n’était pas un fit dans l’équipe. Puis en en parlant autour de moi, j’ai réalisé qu’une personne sur trois environ s’était déjà fait virer, et pas qu’une fois. Aujourd’hui, je ne cautionne toujours pas cette façon cruelle de faire, mais je ne m’y attarde plus.

you're fired licenciement au canada

Mon premier licenciement en 2020

Revenons plus en détail sur ma première expérience, celle qui m’a profondément marquée. L’équipe sportive venait de changer de propriétaire ce qui alimentait toutes les rumeurs possibles. Le département marketing contribuait fortement à rapporter de l’argent et n’en dépensait pas beaucoup. On était seulement cinq à faire le travail de dix personnes donc je ne voyais pas où on pouvait être coupés. Et personnellement aux médias sociaux, on avait de belles performances alors j’étais loin de me sentir menacée. Je pensais encore naïvement que ceux qui fournissaient du bon travail n’avaient aucun souci à se faire. Cette semaine-là, une bonne dizaine d’employés ont perdu leur job.

Le jour du licenciement

Je me souviens encore de la météo ce jour-là, de ce que j’ai mangé, de l’heure à laquelle je suis rentrée dans le bureau et de tous les détails. Je me souviens exactement des mots qui ont été prononcés et de la gêne palpable qui flottait dans l’air.

Nous sommes le 19 février 2020, il est 12h07. Je suis devant mon ordinateur en train de publier sur Facebook. Je m’apprête à luncher, mon boss s’arrête à mon bureau (en open space) et me dit « Quand tu auras fini de manger, viens me voir je dois te parler ». Quinze minutes plus tard, je pose la tasse fumante du café que je viens de me faire tout en regardant les premières réactions de la vidéo que j’ai postée. Mon boss repasse en me demandant si je suis dispo et m’invite à monter à l’étage avec lui. « On va aller dans le bureau de la RH, on sera tranquille ». Pas inquiète du tout, je laisse ma tasse, mon ordi ouvert et je le suis. Dans la pièce, des papiers sont disposés au milieu de la table, la comptable est présente. Je pense qu’on va me proposer une promotion et que c’est mon nouveau contrat, quelle ironie! Je suis à peine assise, que mon chef (un français) se libère directement de son fléau et me dit : « Si tu es là, c’est pour une raison difficile. Ça ne sert à rien de tourner autour du pot, je vais faire ça vite. On doit se séparer d’une personne au marketing et c’est toi. » Ascenseur émotionnel, gros déni, je pars en fou rire nerveux : « Arrête ce n’est pas drôle. » Il me répond d’un ton neutre sans oser me regarder : « Ce n’est pas une blague non, je suis désolé. Tout est écrit ici ». Il me tend le dossier papier, je l’ouvre et commence à lire en silence. Un bon gros silence de mort dans la pièce. Je mets immédiatement à pleurer et j’essaie de comprendre en furie « Pourquoi moi? J’ai fait quoi? Y’a trois personnes dans l’équipe qui ont moins d’ancienneté! » En guise de réponse, j’ai le droit à un « Prends le temps qu’il te faut pour lire le document, tu n’es pas obligée de nous le signer de suite, mais c’est effectif dès maintenant. » Comme si le choc n’était pas assez fort, je réalise que je dois partir sur-le-champ sans même finir ma journée ni même dire au revoir à mes collègues. « Je vais t’accompagner rassembler tes affaires puis à la porte en bas ensuite. Tu ne dois pas parler aux autres. » Au même moment, je vois des notifications s’afficher sur l’écran de mon téléphone « Vous avez été retiré de la page Facebook / Le mot de passe Instagram a été changé / Mot de passe incorrect, merci de retaper votre mot de passe ». Je suis tout simplement en train de me faire retirer de toutes les plateformes dont j’ai la charge. Le travail acharné de trois années qui disparait sous mes yeux, le plus humiliant. La comptable me parle, mais je n’écoute rien, c’est le vide dans ma tête. J’ai les larmes qui coulent et les yeux rivés sur l’écran dont les notifications se multiplient. Je comprends vite que je n’ai aucun moyen de défense ou de marge de négociation et que tout s’arrête ici, maintenant. Je refuse de signer mes papiers et je demande de sortir d’ici, on ne croise personne sur le chemin jusqu’à mon bureau. Comme si les lieux avaient été vidés jusqu’à ce que je parte du building. J’arrive à mon bureau dans un silence de mort. Personne ne lève sa tête, seule ma collègue dont je suis la plus proche vient à ma rencontre. Je lui annonce tant bien que mal que je viens de me faire virer, elle me répond qu’elle est au courant. Elle m’aide à rassembler mes affaires. Mon ordinateur n’est plus là, aucun de mes dossiers, je n’ai même pas eu le temps de récupérer mes documents personnels ou me déconnecter. Ma tasse de café, elle, est toujours là, elle fume encore. Mon (ancien) boss nous presse embarrassé, le chef de la direction observe la scène au loin sans un mot. En trois ou quatre minutes, c’est plié, trois ans du travail qui m’a le plus passionné dans ma vie dans un sac d’épicerie. Mon bureau est vide comme si je n’avais jamais existé. Je croise quelques regards de pitié, d’autres totalement médusés, en marchant vers l’ascenseur. Voilà c’est terminé en moins de 20 minutes.

Les jours d’après

Je pleure non-stop comme jamais de ma vie, pendant des jours entiers à errer en pyjama dans mon appartement. Je me sens trahie par des gens que j’appréciais énormément et en qui j’avais confiance. C’est l’incompréhension totale, je me repasse en boucle la scène dans la tête. Je prépare des dizaines de discours pour me défendre dans l’espoir de récupérer mon job. Mon poste de superviseure des médias numériques est indispensable, et je ne comprends pas qui est supprimé… Tu parles, j’apprends dès le lendemain qu’une autre personne de l’équipe le récupère. Le soi-disant licenciement économique se transforme plutôt en histoire personnelle. Il faut que je retourne au bureau pour rendre mes papiers signés, rien que d’y penser j’ai mal au ventre. Je ne dors pas de la nuit à m’angoisser à propos de mon visa, car je suis en permis de travail fermé avec cet employeur. Il manquerait plus qu’en plus de tout ça, je sois obligée de rentrer en France !

Je suis au plus bas et je compare souvent cet état à une rupture amoureuse. Alors oui, je ne m’en cache pas, je n’étais pas l’employée la plus facile. J’ai une façon très française de défendre mes idées qui a détonné au début auprès de mes collègues québécois. J’apprendrais plus tard que j’avais deux plaintes sur le dos qu’on ne m’avait jamais partagé. J’avais froissé avec mon ton, des personnes avaient pris personnellement des remarques que j’avais pu faire. J’étais beaucoup trop impliquée. J’étais dévouée sans jamais compter mes heures (ni me demander si c’était même légal).

Alors forcément, comme je l’ai dit plus haut, je remets tout en question (moi, ma vie, mais surtout moi). Je perds toute confiance en mes capacités, ça me donne de nombreuses migraines. J’ai envie de voir ni parler à personne. Je suis étonnée et dégoutée de constater que peu de collègues prennent de mes nouvelles. Je pensais naïvement qu’on était tous proches. Une autre réalité culturelle, la capacité de rayer si rapidement et si facilement une personne de ta vie. Quand tu ne partages plus son quotidien, tu n’existes plus… Après deux semaines d’état végétatif, le COVID et ses menaces de confinement s’invitent à la fête. Il faut que je me fasse violence, car je dois rapidement trouver un nouveau travail pour pouvoir rester au Canada. Heureusement pour moi, le numérique est un secteur très dynamique. Après une dizaine d’entretiens en quelques jours, j’ai plusieurs offres. Et c’est assurément grâce à ce nouvel emploi que j’ai sorti la tête de l’eau.

une femme qui se fait licenciée, licenciement au canada

Mon second licenciement en 2022

Pour cette fois-ci, je me suis fait rompre mon contrat durant la période d’essai. Ma superviseure n’avait donc pas besoin légalement de se justifier.

À l’issue d’un processus de recrutement en plusieurs étapes par le biais d’un chasseur de têtes, je décroche le job en juin 2022. C’est une création de poste, les challenges sont nombreux, il y a tout à faire et je suis très excitée. Les premières semaines se passent bien, l’apprentissage est intense, car ma cheffe part en congé maternité dans les prochaines semaines. Je fais tout mon possible pour absorber le plus d’infos et tirer le maximum de ses apprentissages avant son départ. On fait un bilan au bout d’un mois, elle est très satisfaite et part en congé sereinement. Ses mots, pas les miens. Je partage son avis et je suis enchantée de mon premier mois. L’équipe marketing (entièrement québécoise sauf une personne) est assez junior, mais ça me fait plaisir de leur partager mes connaissances et les accompagner. Je sens cependant rapidement le vent tourné avec la personne en charge de remplacer ma cheffe. Elle n’a manifestement pas la même confiance. J’avais négocié à mon embauche de partir plusieurs semaines en télétravail en France, mais ça ne semble pas explicitement lui plaire. Après plusieurs réflexions laissant sous-entendre qu’elle surveille mes heures de connexion à distance, elle me convoque pour en discuter. Elle remet en cause ma motivation et ma personnalité et me propose une formation sur le positivisme, car mon « savoir-être laisse à désirer ». J’encaisse le choc d’entendre autant de critiques alors que quinze jours plus tôt, je ne recevais que des compliments. Je n’ai rien à me reprocher, ni sur mon professionnalisme ou le travail fourni jusqu’à présent alors je refuse cette formatio, proposant d’en discuter à mon retour au bureau. Deux jours plus tard, je suis virée lors d’une rencontre zoom de cinq minutes en présence de trois RH.

Mon expérience que je pensais prometteuse n’aura duré qu’un mois et demi. J’étais moins sous le choc que pour la première fois, car j’avais pleinement conscience de mes capacités et que je n’avais eu le temps de trop m’attacher. Je me suis juste demandée si l’équipe n’avait pas été fausse avec moi, car j’avais la sensation de bien m’entendre avec tout le monde. Ce qui m’a le plus remontée, c’est les commentaires sur ma personne et de me faire sentir comme si j’étais mauvaise ou incorrecte. Lorsque je suis rentrée au Canada, je suis allée rendre mon ordinateur et récupérer mes quelques affaires personnelles. L’assistante de direction m’a donné RDV dans un hall d’hôtel et on s’est rapidement échangées nos deux sacs, comme si on faisait un trafic illégal…

Les conséquences

À 100% je dirais la relation que je développe avec mes collègues en a pris un coup. Je n’ai plus à cœur de m’intégrer et de créer une famille. Ça m’a trop fait mal quand tout s’est arrêté la première fois. Je garde mes distances, car visiblement je me suis plusieurs fois trompée sur les gens.

Mon implication quotidienne dans mon travail en a aussi pris un coup. Le fait de voir que deux fois de suite, même si tu te donnes à fond tu es remerciée, ça ne me donne plus envie de me surpasser. Je fournis ce qu’il faut impeccablement, mais pas plus. Quand des choses viennent me chercher, j’essaie aussi de me répéter que ce n’est pas mon entreprise et qu’on est tous remplaçables.

Finalement, je pense que je me transforme petit à petit en américaine. Je dresse une ligne très distincte entre ma vie et professionnelle et ma vie personnelle. Alors qu’en France, mes plus belles relations viennent en majorité de mes différents emplois.

Si tu t’es fait licencier, je t’invite à partager ton expérience en commentaire si le cœur t’en dit. Ça peut t’aider à en parler ou juste faire du bien à quelqu’un qui lira cet article pour chercher du réconfort.

➜ Pour en savoir plus sur tes droits après un licenciement, tu peux lire le site du gouvernement.
➜ Je t’invite à lire le blog d’Astrid qui a aussi vécu la même chose à Toronto.

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20 Comments

  • Reply Astrid 14 février 2023 at 12:44

    Merci de partager ton expérience ! C’est vraiment quelque chose qu’on anticipe pas en déménageant ici. Je me rappelle la panique quand j’ai perdu mon premier emploi. Comment je vais payer mon loyer ? C’était ma première question 😅
    C’est sûr qu’en parler ça nous fait du bien mais ça aide aussi les gens qui vont te lire ♥️

    • Reply Marine 14 février 2023 at 12:49

      Je me souviens aussi ma deuxième pensée après mais pourquoi moi? C’était mais comment je vais faire si je trouve pas de job. J’avais l’angoisse du visa et la peur d’être expulsée dans les prochains jours…

      Clairement pas une anticipation que j’avais envisagé possible dans mon expatriation. Mettons les autres en garde de ces possibilités réelles. 😘

      • Reply Nicolas 14 février 2023 at 16:12

        Si on parle d’emplois syndiqués, la réalité est tout autre. La sécurité de l’emploi existe, même en tant qu’employé temporaire. Et encore plus dans le public versus le privé. Mais je comprends qu’on puisse se faire virer du jour au lendemain dans un emploi non syndiqué. Mais en contre partie, on en retrouve un aussi rapidement. Bien différent de la France en effet.

        • Reply Marine 14 février 2023 at 16:17

          Alors ça c’est aussi une autre réalité que je ne maîtrise pas du tout les emplois publics, ni même les emplois syndiqués qui vont souvent de pair. Je ne m’avancerai pas sur ce chemin.

  • Reply Karine 14 février 2023 at 13:06

    J’en ai eu aussi des licenciements… la première agence dans laquelle je suis resté presque un an, a mis fin à mon contrat un lundi matin alors qu’on venait tout juste de commencer le télétravail à cause du COVID qui commençait à s’installer. Je l’ai un peu vu venir car je voyais mes taches réduites de moitiés en terme d’heure pour la semaine que j’allais commencée. Mais je n’ai pas trouvé ça juste car, je n’étais pas du tout là dernière arrivé dans l’agence.

    À la suite de ça, j’ai eu à nouveau 2 licenciements « économique » et pareil viré dans la journée même, plus d’accès à quoique ce soit et impossible de dire au revoir aux collègues.

    La 4e fois à été très particulière. J’avais signé un contrat avec une agence que je nommerais pas et avec qui je devais lance mon permis A75. Le jour où ils doivent faire la partie employeur pour mon permis (a deux jours de la fin de mon PVT, c’était extrêmement short niveau temps et stressant), on m’envoie un nouveau contrat à signé le terme employée n’est plus mais à la place c’est travailleur autonome. Sur le moment je ne comprend absolument car a aucun moment on avait parlé de ça. A deux jours de la fin de mon PVT, j’ai eu peur de dire non car trop peur de me faire dire ben « Ciao Bye ». Ma demande de permis est lancée quand même.
    A peine 3 mois plus tard, le responsable d’équipe avec qui je travaillais, se rend compte d’une erreur de budget sur l’un des comptes client. Il me demande des explications, je lui dit que je peux regarder ce qu’il se passe mais je n’ai jamais travailler sur ce client.
    Pour essayer de faire court, je me suis faite viré pour faute grave. Une faute que j’ai pas commis n’ayant jamais travailler sur le compte client en question. Malheureusement, j’étais la seule française de l’agence, la dernière arrivée… sauf que cette fois je ne me suis pas laissé faire. J’ai appelé le CNEEST, pour leur parlé de la situation du licenciement et de mon / mes contrats. Et dès suite de ça, j’ai poursuivi l’agence pour non respect du contrat de base, contrat caché et licenciement clairement abusif et non justifié. Dès le moment où j’ai pas senti l’affaire avec le contrat, j’ai tout pris en photo à chaque conversation et sauvegardé tous les mails…

    Donc oui les licenciements ne sont vraiment pas faciles mais j’ai eu de la chance de retrouver vite à chaque fois et maintenant je suis très épanouis dans mon agence actuelle avec qui je travaille depuis presque 2 ans 🙂

    • Reply Marine 14 février 2023 at 13:15

      Merci tellement Karine de partager ton expérience.

      Je compte 4 licenciements pour toi c’est impressionnant (même si le Covid est passé par là). Comment as-tu abordé les choses au fur et à mesure? Avec plus de détachement je suppose, je veux pas dire qu’on est rendu habitué mais on a forcément une autre vision.

      Tu fais bien de mentionner le CNEEST, c’est vrai que je ne suis pas entrée dans les détails mais pour un licenciement abusif avec des lourdes preuves à l’appui pour soutenir ton dossier, c’est assurément un recours à ne pas négliger. Tu as bien fait d’en entamer les démarches. Cette entreprise n’était clairement pas réglo !

      Notre domaine nous offre une sérénité moindre de se dire qu’on retrouvera facilement quelque chose, sans que ça puisse en faire une excuse. Je suis très contente de lire que tu as trouvé ton bonheur désormais. 🙂

  • Reply Esteban 14 février 2023 at 15:21

    Je compatis. Je suis né au Québec, je connais très bien le peuple québécois. L’une de leur grande caractéristiques est d’être hypocrite et sensibles. Il ne savent pas faire la différence entre le personnel et le travail. Ils vint encaisser quand tu leur dis qqch qui ne leur plaît pas, quand tu es trop direct, ils détestent ça. Ils préfèrent tourner autour du pot pendant très longtemps pour te dire qqch, ou vont faire du commérage entre collègues ou tramer qqch pour te nuire. Ils sont très bon pour les choses prémédités. Ils sont un peu comme les anglais, je dirais même assez calqué sur la mentalité anglaise. C’est tout à fait compréhensible quand vous savez que c’est un peuple qui s’est fait ultra assimilé et coloniser par ces derniers. Aussi, pas tout le monde bien entendu, mais quand même une grande majorité, n’auront jamais l’intelligence de te soutenir ou t’aider. Ici, c’est démerde toi toi même. Les amitiés sont fausses en général, elles sont basés que sur des apparences, des façons de penser, ta façon de t’exprimer, si tu les fait rire pis t’es cool, c’est deja avoir un pied dedans le mécanisme d’acceptation d’un groupe déterminé. Une autre chose dont je m’étonne beaucoup, c’est qu’en plus d’être à la recherche de manières et psyché petite bourgeoises, ils se croient hyper cultivés et instruits ou brillants, mais ils sont en général bon dans ce qu’ils ont choisi de faire comme métier. Si tu les sors de ces champs de compétences, c’est un être totalement dépourvu de culture politique, culturelle, mis à part la leur, depourvu de culture sociale, historique, géographique, un vrai désastre. Le jour que j’ai compris, qu’à moi tout seul je valais la culture et linstruction de 20 québécois réunis, j’ai cessé d’être complexé, d’être blessé, et je me suis totalement affirmé etant conscient de mes capacités cognitives qui était a des années lumières d’une grande majorité. Des fois j’écoute la radio, la télé, des documentaires, des articles, revues alternatives du Québec et je vois des abominations et manque d’analyse et de franchise profonde de leur propre culture. C’est.un peuple qui aime aussi se remplir la bouche comme quoi ils défendent la liberté d’expression, mais quand tu leur dis un truc qui les confronte ou est trop radical comme point de vue
    ils te disent : wo wo wow! Tu vas trop loin là. Falardeau, un cineaste québécois militant disaient d’eux, « on va toujours trop loin pour ceux qui ne vont nul part!  » Et effectivement le jour que j’ai entendu cette phrase. Je me suis aperçu que le Québec critique tous les extrêmes, mais ils ne se regarde jamais le nombril pour se rendre compte qu’il est un extremiste du centre. Ils adorent se mentir et regarder ailleurs. Ils aiment être bien avec tout le monde et ne déplaire a personne quitte à modifier leur propre personnalité pour être accepté. Ils se disent ouvert, mais quand tu ouvres la radio ou la télé, tu vois toujours les mêmes satanés acteurs, chanteurs, animateurs. Québec est un endroit multicuturel, mais tu ne vois jamais un immigrant dans leur emissions. Parfois ils te mettent un noir ou un vietnamien pour éviter de se faire critiquer, mais ils sont profondément bornés et tout est mesuré tourne autour de la question identitaire. Ne t’étonne surtout pas de leur attitude et ne le prend pas mal, ils sont ainsi et il faut les accepter ainsi sinon on est malheureux.

    • Reply Marine 14 février 2023 at 16:07

      Très intéressant ton point de vue Esteban surtout venant d’un québécois. Je suis d’accord avec certains de tes points. Merci d’avoir pris le temps de les partager!

  • Reply Christel 14 février 2023 at 15:23

    Merci de partager cet article et ta douloureuse expérience. C’est important de parler aussi des points négatifs de ce pays. Moi aussi après 30 ans d’expérience en France j’ai accepté un stage non rémunéré de 4 semaines pour décrocher un emploi et j’ai été remercié 2 semaines après mon contrat. Même si les raisons étaient économiques le choc n’en n’est pas moins important. Heureusement le marché du travail est dynamique et j’ai retrouvé un emploi bien mieux.
    Je dirais qu’il est primordial de savoir sue la culture est vraiment différente. Et c’est dans les épreuves que cela nous saute aux yeux. Les collègues te paraissent proches, bienveillants mais les non-dits sont omniprésents. Les québécois détestent les paroles fortes, les débats et plus que tout fuient l’affront. Ce qui les transforment parfois en hypocrites à nos yeux de français. C’est vraiment culturel et ils ne s’en rendent pas toujours compte. L’essentiel est de trouver un employeur qui t’apprécie pour pouvoir t’épanouir. Et ne pas hésiter à changer si tel n’est pas le cas : il y a tellement de job à pourvoir ici.
    Bonne continuation

    • Reply Marine 14 février 2023 at 16:14

      Salut Christel,

      Je crois qu’avant ce jour là je n’avais aucun point négatif, honnêtement j’avais une expatriation idyllique. Depuis ce jour, j’ai ouvert les yeux on dirait puis j’ai du mal à rester positive et optimiste sur pleins de choses… Un peu comme tu le partages. Maintenant je prends le temps d’expliquer à tous mes collaborateurs comment je suis, mon caractère et que ce n’est jamais à prendre personnellement mais c’est lourd. Je trouve pas qu’on avance quand on tourne autour du pot et qu’on ne s’adresse pas concrètement les choses. Ça me fera toujours capoter haha !

      PS : je ne connaissais pas ton blog je suis allée lire quelques articles, super intéressants et bien expliqués. Je suis jalouse pour la santé (autre point noir anxiogène pour moi) toujours en attente d’un médecin depuis 2018, je n’ai que des mauvaises expériences. J’ai toujours été résignée à payer le privé, bonjoursante ne m’a jamais trouvé de RDV même en payant. Bref toute une autre histoire.

  • Reply Christelle Marcy 14 février 2023 at 16:42

    Je suis Québecoise et ton point de vue est intéressant. Le constat est que le monde du travail est bien différent ici par rapport à tes standards français.
    De par mes expériences, je constate que derrière chaque licenciement, il y a des raisons de rentabilité ou pour enlever un élément négatif pour maintenir une cohésion d’équipe. Ce que je comprends c’est plusieurs fois ton comportement a été pointé du doigt (plaintes ou encore formation proposée). Donc c’est bien de dire que tu es passionnée, très travailleuse, à l’aise dans ton travail mais il semble que ton attitude ne t’a aidé à garder tes postes très longtemps dans le monde du travail Québecois. Sans être détaché de ton travail ou encore sans mettre moins d’énergie, est-ce que tu as changé ton attitude ? ou as-tu finalement accepter de suivre une formation ?
    Et autre question comme ça; tu n’as pas peur de faire peur à tes futurs patrons en exposant que tu t’es fait virer à cause de ton comportement sur ton blog, et ça deux fois en moins de 2 ans ?

    • Reply Marine 14 février 2023 at 17:18

      Bonjour Christelle,

      Je pense que tu vas un peu vite en conclusion et que tu te fais vite une idée sans avoir tous les paramètres. Mais j’écoute ton point de vue.
      J’expose ici deux situations qui se sont mal terminées, mais la première à tout de même durée trois ans avec de très bons moments sur la quasi totalité. Donc si tu trouves que je n’ai pas gardé « mes postes très longtemps » je ne suis pas d’accord. J’ai également fait un an en agence que j’ai quitté de mon plein gré pour une autre opportunité et dont la directrice est revenue me débaucher ensuite. J’ai aussi fait une année de remplacement congé maternité qui s’est bien déroulé avec proposition d’emploi permanent à la clef. Ça prouve tout de même que le marché québécois n’est pas si enclin à mon profil. On pourrait prendre leur avis pour nuancer le tout mais c’est pas le sujet ici. La deuxième expérience je la partage en toute transparence. Je ne pense pas que c’est très légitime d’imposer une formation au bout d’un mois de prise de poste sans donner une chance à son candidat de le connaitre. Ce n’est pas ma vision. Et ceci en prenant compte du changement radical des deux discours en si peu de temps. J’aurais envisagé une formation dans un emploi bien plus établi avec une approche plus justifiée, je crois que ce n’était pas un bon fit ça arrive mais c’était à mes yeux maladroit.

      Je fais le choix de ne pas changer mon attitude qui est part entière de ma personnalité. Il ne faut pas diaboliser certes j’émets un contexte et j’apporte des nuances qui peuvent donner raison à l’employeur mais je ne suis pas un élément perturbateur au quotidien. Je t’invite à relire : j’ai pris connaissance de plaintes après mon départ quand les langues se sont déliées. Et mon comportement a été pointé du doigt dans des discussions entre collègues et non adressé par un superviseur de façon officielle par écrit par exemple. Attention, encore une fois je remets le contexte, on ne parle pas ici d’une situation hebdomadaire ou quotidienne. Ça a peut-être été abordé deux fois sur trois ans dans un univers ultra stressant du sport professionnel. Pour répondre à ta dernière question (et je ne sais pas vraiment comment je dois la prendre) non je n’ai pas peur. Si un futur patron est dérangé par cet article en tombant dessus avant même de vouloir m’embaucher, alors je ne pense pas qu’on doive travailler ensemble. Ce blog que j’ai crée et auquel je suis dédiée est également la preuve de mon assiduité et mon désir d’aider les autres au travers de tous les autres sujets abordés. Tu conclues directement que mon comportement est la raison de mes deux licenciements, je laisserai la porte ouverte à d’autres possibilités.

      Si mon article t’a blessée entant que Québécoise, je m’excuse. La réalité du ressenti français est bien présent et partagé en grand nombre. Peu importe les raisons de virer une personne, les façons de le faire (qui sont l’essence même de la création de cet article) sont humiliantes.

  • Reply Anne-Laure 14 février 2023 at 20:26

    Merci de t’être mise « à nue » pour nous partager ces expériences difficiles. Je trouve ça très humble et très honnête de ta part.
    Je n’ai jamais été licenciée ici, mais j’en ai été témoin plusieurs fois, dans des conditions aberrantes: genre grosse annonce dans la cafétéria de la boîte indiquant que 30 personnes sont licenciées et que les futurs ex-employés concernés viennent de recevoir un courriel dans leur boîte mail… « maintenant vous pouvez redescendre à vos postes. »(l’angoisse!) Ou encore, une dizaine de personnes appelées tour à tour pour se rendre dans une salle, et tu ne les vois jamais revenir à leur poste… Ça a été super traumatisant de vivre ces moments en tant que collègue (et bonjour la cohésion d’équipe ou l’adhésion à l’entreprise!) Alors, je n’imagine même pas quand tu es l’une des personnes concernées par le licenciement. ce doit être un véritable deuil!

    • Reply Marine 15 février 2023 at 13:13

      Salut Anne-Laure,

      Merci de compatir alors que tu n’as pas vécu la chose, mais tu t’en rends bien compte de l’extérieur. Tes exemples sont quand même très durs. J’ai entendu des histoires où les employés d’un département sont envoyés dans une pièce le temps que leur collègue se fasse virer et récupère ses affaires. Pour éviter tout contact, genre on est qui des espions avec des secrets d’État ou quoi? Alors que ça pourrait être très sain et mature. Si tu crains les débordements, c’est que tu es conscient de faire quelque chose de pas correct. Tu as totalement raison pour la cohésion d’équipe c’est un très bon point. Comment veux tu respecter une boite qui agit de la sorte sur ton collègue sans te demander si tu seras pas la prochaine personne?

  • Reply Manon 16 février 2023 at 14:41

    J’ai vu aussi une personne se faire licencier dans un ancien job.
    J’avais été choquée et je trouve quand même cela dur psychologiquement pour la personne qui se fait licencier.

    Il y a des entreprises (c’est mon cas en ce moment), où le syndicat a des règles pour éviter ce genre de situation.
    Pendant la COVID j’ai été mis à pied parce qu’on ne pouvait plus travailler, on a eu un bon suivi de la part de l’entreprise.
    Et ils ne peuvent pas nous virer sans un vrai motif.

    J’espère qu’un jour les lois changeront sur ca, car ca peut tellement impacter la vie de la personne qui se fait virer.

    Merci à toi pour le partage de ton expérience!

    • Reply Sabrina 22 mars 2023 at 13:49

      Je pense que la souplesse des licenciements permet aux entreprises d’embaucher aussi plus facilement, comme elles n’ont pas peur d’être coincées avec un employé qui fit pas, elles vont donner plus leur chance aux débutants ou ceux qui ont moins d’expérience. Il est aussi plus facile de changer de domaine de travail au Canada alors que ce n’est pas le cas en France. En France les entreprises rechignent à prendre tout risque et trouver un boulot est bien plus ardu, il est tellement difficile de licencier que les entreprises ne veulent plus embaucher même quand elles en ont besoin. Ceci pourrait expliquer la fluidité du marché de l’emploi au Canada qui comporte des avantages qu’il ne faut pas ignorer. Les employés peuvent aussi quitter leur poste très facilement et rapidement donc c’est dans les deux sens. Je comprends que c’est plus la manière de le faire qui peut être assez traumatisant pour la personne qui le vit, donner quelques explications sur la raison du renvoi pourrait aider la personne à mieux comprendre et passer à travers l’expérience sans se focaliser des semaines ou des mois là-dessus, un peu de la même façon que pour une rupture. Il y a des avantages et des inconvénients dans les deux systèmes

  • Reply SchwarzeRose 9 octobre 2023 at 21:59

    J’ai lu ton article du début à la fin. Honnêtement, j’ai eu la même réaction que toi dans ton premier renvoi, je croyais qu’on me niaisait solide. Dans mon cas, je me suis fait renvoyer une fois dans ma vie.. une seule fois, par téléphone et ça m’a pris trois ans m’en remettre. J’ai été employée par une grande multnationale durant 7 ans avec un syndicat, mais j’ai changé d’emploi au bout de la sixième année, cet emploi étant soumis à une nouvelle période probatoire.
    On m’a remercié deux semaines avant le six mois, soi-disant quelqu’un avec qui j’ai travaillé a logé une plainte à mon encontre dès le premier mois et la compagnie n’a rien fait et a attendu la quasi-fin de ma période de probation pour me renvoyer.
    J’ai été 12 mois sans travailler; j’ai profité du maximum au chômage pour me faire payer et faire ce que je voulais. Mais j’ai beaucoup pleuré (presque tous les jours durant un an) parce que comme toi, je me suis senti trahie. Ça m’a blessé bien plus que ma première rupture amoureuse que j’avais eu à 19 ans, c’est pire à mon avis, si c’est toi qui est super amoureuse de ta job, et que tu crois que ton employeur ne se départira pas de toi pour une niaiserie banale. En plus, ça a traîné avec le syndicat, on est allé de grief en grief et ça n’a pas donné grand chose.

    Ce que je retiens, comme toi, c’est qu’ici, au Québec, tu es un numéro, tu es remplaçable, peu importe comment et combien tu te dévoues à ton emploi; que ça fonctionne avec la personnalité, ex., si ton boss t’aime ou déteste ta face et même s’il l’a déteste, il va quand même montrer son plus beau sourire jusqu’au jour du renvoi; et que finalement, il vaut mieux simplement juste faire son job, et ne pas trop discuter de sa vie privée avec ses collègues, j’en ai peut-être rendu quelques-uns jaloux. De ces leçons apprises, je ne fais que le strict nécessaire à mon emploi actuel, ni plus ni moins.

    Par contre, ce rejet m’a tellement marquée que même si je n’ai plus tellement peur que ça arrive de nouveau, je ne suis plus capable de changer d’emploi.
    Courage!

  • Reply Natacha 15 mars 2024 at 08:30

    Merci Marine pour cet article qui a l’air d’en intéresser plus d’un! Je m’ajoute ici en constatant tristement que nous sommes nombreux à nous sentir concernés par ces licenciements express (ou « choquants voire abusifs », en tant que français). Je partage donc au passage mon expérience et mon avis sur la question, en espérant ne froisser personne, c’est un avis, dans une discussion, ce n’est pas un jugement.

    Dans mon cas, française qui avait tenté l’expérience québécoise pendant une dizaine d’années, j’en avais entendu parler « elle a trouvé une lettre sur son clavier alors que juste avant tout le monde au bureau l’accueillait exactement comme tous les autres jours .. », « on a annoncé qu’elle ne faisait plus partie de l’équipe dans un visio teams de 3 min! » etc. … et moi à chaque fois « naaaaaaaaannnnn??!! :o! »

    Puis il y a eu mon tour! « Natacha nous aurons une réunion avec toi dans 5 min avec la RH, suivi d’un « c’est ta dernière journée avec nous.. » BIM! je fonce rassembler mes affaires dans un carton déjà tout prêt, merci 😉 c’est très sympa d’avoir pensé à tout (MAL-AISANCE TOTALE + CHOC = TREMBLEMENTS ET SUEURS FROIDES).

    Là, ce qui pour un québécois semble être normal, pour un français c’est carrément inhumain. Je ne m’attarde même pas sur cette façon de procéder tellement je la trouve dégueulasse.

    L’excuse est un licenciement économique, qui apparemment serait justifié … d’après mes collègues (ceux qui me parlent toujours, tiens aucun québécois.. ) et donc ce même jour, 30 personnes en moins dans l’équipe. Zéro contact de leur part depuis, c’est un vrai « Ciao bye », une rupture.
    Donc ok, il y a la raison financière pour le licenciement express de X% de l’effectif. Bien que ce soit plus à mon humble avis, une gestion de m**** de la part des dirigeants.
    Par contre, vient le choix des salariés, et là c’est marrant comme ce sont tous des salariés qui malgré tous leurs efforts, ne « fittaient » tout simplement pas avec l’équipe (ou tel ou tel responsable).
    Peu importe ton efficacité, tes heures d’over, ou un résultat excellent de ton travail. Au final, si tu ne copines pas avec ton chef/ta cheffe, ou la gagne qui « anime » les soirées où tout le monde fait semblant de s’apprécier après 3 coronas et 2 tunes de Céline Dion; ben tu es dans cette fucking blacklist. Alors français ou pas, si tu souhaites t’intégrer durablement dans une entreprise québécoise, JOUE LE JEU, accepte le fait que tu devras jouer un rôle au travail, tu devras faire semblant, ce joli sourire hypocrite sera ton meilleur ami. Pas de débat, pas de critiques constructives, pas d’idées pour améliorer le système… juste shhh tais-toi et souris! De la patience et ce masque avec lequel tu feras semblant de t’intégrer.

    Pour rebondir sur le commentaire de Christelle, dans mon cas, je ne pense pas avoir fait de faux-pas particulier… ou avoir manqué de motivation pour m’intégrer ………..tout ceci après 5 années dans cette entreprise…SAUF………. évidemment, ce jour où j’ai demandé une explication à ma responsable sur un comportement que j’avais trouvé incohérent et injustifié, pas dans un sens critique, vraiment plus dans un questionnement de « pourquoi? là je suis perdue j’aimerais que tu m’expliques » etc. Je me permets de préciser; je suis la « gentille », je dis oui oui, je fais mon travail, je participe aux 5 à 7 et je n’embête jamais personne. Par contre, gentille ne veut pas dire stupide et si tu veux abuser d’une situation, prépare-toi quand même à pouvoir le justifier, je ne mords pas mais je ne laisse pas marcher dessus pour autant. Bref, une discussion au cours de laquelle je sais que ma responsable s’est trouvée très vexée que j’ose remettre en question sa méthode, et qui l’a complètement déstabilisée. *** On ne remet pas en question à Montréal *** you just go with the flow and you shut the f*** up. Voilà pour ma part, mon comportement déviant… en tous cas, le seul que j’ai trouvé! Pour le reste, je m’entendais avec tout le monde et ai toujours fait ce qu’on m’avait demandé de faire, sans jamais attaquer personne.

    — La descente dans le classement général —
    A la suite de quoi, je me suis retrouvée avec quasiment plus aucun contact de sa part, ou du reste de l’équipe, sauf pour l’ultra-nécessaire. Un genre de GHOSTING GEANT général, assez violent je dois dire d’ailleurs.. en passant. Ca a duré quelques mois jusqu’au licenciement.

    Nouveaux arrivants, je ne veux pas vous décourager mais plutôt vous outiller: préparez-vous à garder votre avis personnel dans votre poche lorsque vous êtes sur votre lieu de travail, car personne ne veut (réellement) l’entendre. Et non, même si vous pensez que votre collègue ou cheffe pense comme vous .. en fait non, et ils sont plusieurs à en parler entre eux lorsque vous avez le dos tourné. Comme dans les séries américaines oui oui! Si ça ne se perçoit pas immédiatement, vous arriverez peut-être à le lire entre les lignes de votre lettre de « fin de contrat ».

    A Montréal, vous serez accueillis avec des bras grand ouverts car vous êtes sympas et une aubaine de main d’oeuvre, mais vous restez des expatriés, des immigrants; n’oubliez jamais ceci. Pour faire partie d’une famille québécoise, il faudra tomber sur la famille qui a déjà fait un travail d’introspection à ce sujet et qui est prête pour des avis, des critiques, et des échanges. Généralement, ce sont des québécois qui ont déjà vécu dans un autre pays, ou qui sont maqués avec des étrangers.
    Bref, soyez forts, soyez bons, réussissez votre carrière, mais pas au prix de votre personnalité! Sachez bien vous entourer et prendre du recul avec ce qui se passe à votre travail.

    Bon courage en tous cas à tous ceux qui essayent; et bravo à ceux qui arrivent! Vous êtes excellents 😉

    • Reply Marine 17 mars 2024 at 17:03

      Merci beaucoup Natacha d’avoir pris le temps de rédiger ce message très utile!

  • Reply Je suis franco-canadienne ! 🇫🇷🇨🇦 - Off to Montréal 17 mars 2024 at 15:46

    […] que nous. Ou de la nécessité de ne faire aucune vague et ne rien remettre en question dans votre job pour le garder. Bien-sûr, il y a des exceptions à la règle, mais les règles sont bien là. Nos codes sociaux […]

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