Réflexions de confinement 🤯

Je suis passée par énormément de sentiments durant ce confinement, et il est pas terminé. J’ai écrit semaine par semaine mes émotions, au début pour extérioriser, sans l’idée que je posterai un article. Je me sentais tellement mal à des moments que je me disais « Je relirais ça plus tard quand je trouve que rien ne va! » Moi qui me considère forte et capable de gérer ma sensibilité, j’ai perdu tous mes repères en un mois. J’aurais bien eu besoin d’un psy… Je ne compte plus les fois où j’ai pleuré et que je me suis parlée seule à moi-même pour essayer de me raisonner. Sans oublier la culpabilité d’être comme ça alors je suis en santé et dans le confort.

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Mi-Mars – retour de Floride. Je suis relax, même si j’ai dû écourter mes vacances que j’attendais avec impatience depuis un an. J’ai des articles en retard et je veux refaire entièrement mon site. Ça ne peut pas mieux tomber, je vais m’y consacrer durant les deux prochaines semaines. Parce-que depuis un mois que je suis au chômage, je n’ai rien foutu. Je fais plusieurs listes pour structurer et visualiser les tâches : ranger mes papiers, trier mes vêtements, installer des étagères, nettoyer mon four, commander des affiches à accrocher chez moi, classer et jeter toutes les boites et gobelets inutiles de ma cuisine, laver et descendre mes habits d’hiver dans mon locker. Bref, un aperçu. Je me dis que je me lèverai tous les matins à heure fixe pour avoir un semblant de journée et ne pas prendre un rythme trop dégueulasse. Parce qu’avec mon sommeil à rallonge, c’est un réveil à 13h quotidien assuré. Je me promets de faire des séances d’exercices (pas de sport non…) pour palier au fait que je ne marcherai plus autant qu’à mon habitude. Je suis pleine de bonne volonté. Spoiler : Ça n’a pas duré.

1La première semaine j’ai déjà presque fait tout ce qui est sur mes listes. J’ai entièrement refait mon infolettre, j’ai écrit 10 articles (que vous découvrirez au fur et à mesure, je n’ai pas les photos pour les illustrer), mes vêtements sont triés, lavés et rangés dans mon storage. Je regarde un film par ci, par là. Je cuisine, du sucré, du salé, à mon niveau bien-sûr. J’arrive même à poster quotidiennement du contenu sur Instagram. Je me fais des masques, des gommages, une manucure. C’est vraiment sympa si je fais ça toutes les semaines. J’appelle ma famille, je prends des nouvelle de mes proches et mes potes. « Tu bosses encore toi? », « Tu t’es confiné chez tes parents ou t’es resté à Paris? ». Je passe une journée entière à essayer d’appeler l’assurance-emploi. En vain, je tenterai à nouveau demain, j’ai tout le temps pour. Je regarde les conférences de presse : Justin Trudeau à 11h, François Legault à 13h et les replays de la France l’après-midi.

2 C’est la première chose qui commence à être anxiogène, les informations et voir les chiffres s’envoler tous les jours et les décès. La situation est plus chaotique en France qu’au Québec, ma mère et mon frère continuent de travailler malgré tout. Jour après jour, je stresse un peu plus. Et si ils choppent le virus, ne vont pas bien et que je ne peux pas rentrer? Ça n’arrive pas qu’aux autres, on ne sait jamais… Ou l’inverse. On nous répète que les jeunes aussi sont à risque, pas que les aînés. Et si il m’arrive quelque chose? Je suis toute seule ici, personne ne pourra venir. Si je me sens faible ou quoi, personne ne va m’aider. Je vais crever avec de la température dans mon lit. Shit, quelle idée d’être seule ici, à des milliers de kilomètres de sa famille et ses amis!

J’arrête de me tenir au courant des chiffres, j’arrête les conférences de presse et les émissions françaises. J’arrête aussi les médias sociaux, j’y vais 1h par jour. Je trouve le concept de plus en plus inutile. J’ai l’impression que les gens se forcent à être corrects, en plus ils sont tous en quarantaine en couple ou en famille, j’ai le seum. Je bois du gin et du vin, plus que la normale. Je n’ai pas la tête à produire du contenu ou partager mes idées négatives, ni même parler aux gens. Je connais les précautions d’hygiène, je les applique et je ne sors pas de chez moi, c’est tout ce que j’ai besoin de savoir.

Et l’assurance-emploi qui n’est toujours pas capable de savoir ce qui ne va pas avec mon dossier, après 4h d’attente et des centaines d’appels. Je laisse tomber les offres de job ou les candidatures. Je suis inactive depuis un mois et demi maintenant, mais je réalise que ce n’est sûrement que le début, je ne risque pas de retrouver un emploi de si tôt. D’ailleurs est-ce que j’ai encore envie de faire du digital? Ça sert à quoi de connaitre Facebook, Instagram et Google sur le bout des doigts? Je pense à me ré-orienter, j’ai envie de servir à quelque chose, me sentir utile. Infirmière, professeur, ouvrir un coffeeshop ou une auberge, développer le tourisme Montréalais. Je commence à faire des listes. Oui je passe ma vie à faire des listes! J’ai fini de rewatch Hart of Dixie que j’aime passionnément, ça me rend triste. Je vais me relancer Gilmore Girls, avec 7 saisons et un reboot ça devrait me tenir occupée.

3 L’extérieur, la nature, l’air, l’activité physique me manquent. Je remets en doute mes choix de vivre en ville, dans un condo, à Griffintown. J’ai envie d’habiter un chalet dans une petite ville, avec un chien et un jardin où je ferais mon potager (difficilement mais je tenterai). Ça fait trois semaines, je tourne en rond. Et si c’était ma sonnette d’alarme ce confinement? De toute façon, j’ai peu de chances d’acheter un appartement toute seule à Montréal, c’est trop cher. Je commence à regarder les annonces de maison en région, j’affine mes critères, j’ai des coups de coeur. C’est sûr j’organise des visites et dès la fin de la crise, je pars! Et si je construisais mon chalet plutôt? Je pourrais le façonner à mon image, avoir une baignoire dans ma chambre, une cheminée, une baie vitrée sur la nature. Non trop de travail, c’est mieux d’éplucher les annonces. Ou pas… Si! Non… Ça y’est je deviens folle.

Le Québec annonce l’annulation de tous les évènements et festivals jusque fin août. Mes parents devaient venir à la fin de l’été plusieurs semaines, on avait prévu de visiter New York en famille, leur toute première fois. J’avais tellement hâte d’enfin leur transmettre mon amour inconditionnel pour cette ville. Ça ne fait plus de sens d’être seule ici. C’est bon, je rentre en France. Je ne sais même pas pourquoi je ne suis pas rentrée plus tôt… Mon balcon a une dimension acceptable, il donne sur le Canal Lachine, aucun vis à vis, mais je ne veux pas rester ici « enfermée » pas tout l’été! Je regarde les vols Montréal-Paris, c’est pas cher, je me décide pour début Mai. Je reviendrai quand tout ira mieux, fin Août ou début Septembre. Et en attendant je passerai l’été dans une maison avec jardin.

Je vois le sens de mes priorités chamboulé, je n’ai pas l’habitude, ça me fait bizarre. J’ai toujours fait passer ma carrière et mes ambitions professionnelles avant tout, ça me parait tellement stupide ces derniers jours. Me faire licencier était déjà une grosse claque, j’étais complètement perdue. Les années passent mais je ne me sens pas vraiment heureuse, j’essaie d’identifier ce qui pourrait changer ça. Et hop, de nouvelles listes….

4 Voilà, j’ai totalement le rythme que je ne voulais absolument pas prendre. À force d’enchaîner les épisodes de Gilmore Girls depuis une semaine, je me rends compte que le jour se lève quand je m’endors. Je me sens comme une merde… « Hein mais il était 00h quand j’ai regardé l’heure… » Tu parles, c’était il y a 5 épisodes! Mais je ne peux pas m’empêcher, c’est mon échappatoire. La vie a l’air tellement bien à Stars Hollow, ça ne m’étonne pas que ce soit une de mes séries préférées. Encore une petite ville, ça renforce mon envie de partir.

Je finis les 8 saisons et le revival en quelques jours. Je suis deg, c’est comme si j’avais perdu mes potes. Et la quarantaine continue. Je chiale pour rien, parce que je ne sais pas quelle série va rythmer mes journées maintenant. D’ailleurs, je n’arrête pas de pleurer, plus que d’habitude. Je me sens pathétique en parcourant Netflix dans le vide. Je décide de sortir prendre l’air pour la première fois en 10 ou 13 jours. Je ne sais plus. Je me pose sur un banc face au Canal, je me dis que c’est le lieu parfait pour se poser sans réfléchir. Mauvaise idée, je me suis perdue dans mes pensées comme jamais. Et si je rentrai en France pour de bon, qu’est-ce que je vais manger ce soir, pourquoi j’ai 30 ans pas d’enfants ni de mec, est-ce que j’ai déjà vraiment aimé un de mes jobs, c’était quand et où mon dernier brunch, quand est-ce que je me suis lavée les mains la dernière fois? #CaVaBienAller🌈 il paraît…

Je pensais avoir touché le fond. Mais vendredi de cette 4ème semaine de confinement, je reçois un courriel. C’est le job que j’avais décroché avant la crise et pour lequel j’avais refait mon visa. Ils m’offrent à nouveau le poste en télétravail dès le début de semaine prochaine. Je n’y crois pas, j’avais abandonné l’idée. Là voilà ma solution : Reprendre une activité, occuper mon cerveau et mes journées. Je n’oublie pas toutes mes réflexions, mes pensées et mes révélations. Mais pour le moment, j’ai besoin de ça, besoin de faire une pause de cet état devenu bien trop lourd.

5 Quelle différence, le jour et la nuit! Je n’ai pas vu la semaine passer, je dors à des heures raisonnables, je me douche et je m’habille tous les jours, je fais trois repas quotidiens, je ne me pose une seule question sur mon futur. Je retourne sur les médias sociaux, je recommence à partager quelques tranches de vie. Je me lance même concrètement dans un projet qui me trotte dans la tête depuis des mois. J’ai hâte de vous en parler d’ici quelques semaines. J’avoue que si le travail est encore la solution à mes problèmes, je suis déçue. Tout ça pour ça!

Jusqu’ici comment se passe ton mois de confinement? Seul(e), à plusieurs, en famille? T’es correct ou au bout du rouleau?